
La vente du courtier Cafpi aura lieu début 2021

Elle était attendue cet été mais n’aura finalement pas lieu cette année. La vente de l’un des plus grands courtiers français en prêt immobilier, Cafpi, a en effet été reprogrammée pour le début de 2021. Une mission qui incombera à la banque d’affaires Cambon Partners, a appris L’Agefi. En attendant, les travaux préalables au démarrage de l’enchère sont encore en cours. La famille Assouline, qui a fondé le groupe il y a bientôt 50 ans, avait été contrainte de décaler le projet de cession de sa participation majoritaire en raison de la pandémie de Covid-19.
Annus horribilis
A l’instar de l’ensemble du marché du courtage en prêt immobilier, Cafpi et ses 1.500 collaborateurs ont été frappés de plein fouet par les deux mois de confinement, qui ont fortement obstrué le pipeline de promesses de vente de logements. Sur la période, le courtier estime avoir perdu la moitié de son volume de crédits intermédiés. Un événement extraordinaire ayant fait boule de neige avec deux autres difficultés. La première a eu lieu fin 2019. Le Crédit Agricole du Languedoc, suivi ensuite par d’autres établissements bancaires majoritairement mutualistes, ont ouvert les hostilités en refusant les dossiers provenant des courtiers ou en tentant de réduire leurs commissions. Une défiance intervenant dans un contexte de record absolu du volume de crédits immobiliers en 2019, à 258 milliards d’euros.
« Cafpi, comme la plupart des gros courtiers, a cependant été moins ébranlé. Nos protocoles nationaux rendent plus délicate toute segmentation des choix par les banques, explique Philippe Taboret, directeur général adjoint du groupe et président d’honneur de l’Association professionnelle des intermédiaires en crédit. Le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) a malheureusement généré un second coup de tonnerre dans la profession, en émettant des recommandations de prudence concernant l’octroi de crédits, sous prétexte de vouloir protéger les banques. »
Après une année 2019 de bonne facture où Cafpi a intermédié près de 9 milliards d’euros de crédits (pour environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires), le groupe familial a donc dû tirer un trait sur son objectif de 10 milliards pour cette année. Un volume proche de 7 milliards d’euros est désormais évoqué.
Nouvelles opportunités
En dépit de cette fonte d’activité de près de 25 %, Cafpi reste optimiste. Tout d’abord en raison de la part de marché croissante du courtage immobilier en France, passée de 15 à 35 % au cours des dix dernières années, et qui devrait atteindre près de 50 % à terme, selon Xerfi et IHS Global Insight. Mais aussi en raison d’un changement de mentalité des banques. « Conscientes des faibles perspectives en matière d’émission de nouveaux crédits en 2021, celles-ci changent leur fusil d’épaule et cherchent à renouer le contact avec les courtiers », constate Philippe Taboret – lequel estime également que l’éviction des courtiers les plus fragilisés devrait accélérer la consolidation du marché. Et si les projets de croissance externe de Cafpi ont été mis à l’arrêt, ils devraient reprendre à la prochaine amélioration conjoncturelle. Avec la volonté d’ajouter des pays européens comme la Belgique, l’Espagne et l’Italie à son maillage international, déjà constitué du Portugal et du Maroc.
« Nous avons aussi bon espoir qu’un assouplissement des recommandations du HCSF intervienne d’ici la fin de l’année », souligne le dirigeant. Reste à savoir si ces perspectives de rebond suffiront pour donner envie à un futur propriétaire de valoriser l’enseigne 500 millions d’euros – chiffre avancé par le marché avant la crise sanitaire. Parmi les acquéreurs potentiels fréquemment cités figurent notamment CEP, la maison mère d’Empruntis, d’Immopret et d’ACE Crédit. Celle-ci n’en serait alors pas à son premier coup d’essai. Il y a cinq ans déjà, des discussions avaient eu lieu entre la famille Assouline et ce groupe, cédé par l’américain JC Flowers à Bridgepoint pour 1,3 milliard d’euros au printemps dernier. Aucun accord n’en était toutefois ressorti. Il y a douze ans, le leader du courtage en crédit immobilier avait aussi entamé des négociations en vue de faire entrer deux fonds d’investissement en minoritaire, avant de prendre un virage à 180 degrés en optant pour l’entrée de ses banques partenaires à son capital. Cette combinaison synergique, qui aurait pu le transformer en instrument de place du courtage, n’avait pas non plus abouti.