La chute du tourisme bouleverse la location

Le retour en masse de biens sur le marché de la location longue durée tire les loyers des logements meublés à la baisse. La durée des mises en location diminue partout, sauf à Paris.
(Crédit photo : Pexels - Karolina Grabowska)

Depuis l’année dernière et la chute du tourisme étranger, les investisseurs locatifs adeptes de la location saisonnière sont nombreux à revenir sur le marché traditionnel. Avec comme conséquence d’engendrer de profonds bouleversements.  

Des loyers moins chers en meublé

Selon le dernier baromètre de Se Loger, ces arrivées massives de logements meublés sur le marché de la location classique tendent à tirer leurs loyers à la baisse. Dans certaines villes, ils sont mêmes moins élevés que ceux des locations vides.   

C’est le cas notamment à Rennes et à Nantes, où les loyers des meublés reculent respectivement de 11,5 % et  9,9 % sur un an, alors que ceux de la location vide augmentent de 4,9 % et 3,9 % sur la même période. « Nantes affiche l'écart le plus important avec 721 euros de loyer, en moyenne, pour une location vide contre seulement 670 euros pour un meublé. Rennes arrive juste derrière avec un loyer moyen de 603 euros par mois pour un meublé contre 640 euros pour une location vide », écrit SeLoger dans son baromètre.

Cette tendance s’observe aussi en région parisienne. C’est à Montreuil que SeLoger constate l’écart le plus important : les loyers des meublés ont baissé de 8,4 % sur un an pour atteindre une moyenne de 983 euros contre 1.020 euros pour une location vide. L’écart se réduit davantage pour Saint-Denis et Argenteuil. Pour la première, il faut compter 946 euros mensuels pour le loyer d'un meublé contre 962 euros pour une location vide. « Si son attractivité a incontestablement été boostée par le prolongement de la ligne 14 du métro, Saint-Denis a également vu son volume d'annonces de meublés multiplié par 4 », explique Se Loger dans son baromètre. A Argenteuil, le loyer moyen d'une location vide se hisse à 817 euros contre 802 euros pour un meublé. Enfin, à Boulogne-Billancourt, le loyer d’un bien vide est de 1.486 euros par mois (+ 6.1 % sur an), alors que les loyers des meublés reculent de 5,4 % pour tomber à 1.475 euros.

Pour Se Loger, il ne fait aucun doute que ces bouleversements sont causés par un afflux massif de logements meublés sur le marché de la location classique. La plateforme dit avoir vu son nombre d’annonces de meublés à louer exploser : + 90 % au niveau national.  A Bordeaux et Paris, on compte même plus de meublés que de logements vides en location. Le marché bordelais détient le record du taux de meublés : 63,8 % alors qu’il n’était que de 37,6 % l’année dernière. Dans la capitale, le taux de meublés atteint 52,5 % (contre 49,8 % en 2020). 

Les délais de mise location diminuent partout…sauf à Paris

Autre tendance : les délais de mise location diminuent selon Se Loger. La plateforme a calculé le nombre moyen de jours qui séparent le dépôt sur son site d’une annonce de location de son retrait. Au niveau national, cette durée se réduit (- 37 % en janvier 2021). « Nous vivons une période inédite et le contexte de crise sanitaire actuel engendre de nouveaux phénomènes assez contre-intuitifs sur le marché immobilier, explique Séverine Amate, porte-parole du groupe SeLoger. L'attentisme ambiant ne favorise pas la réalisation rapide des projets immobiliers ».

Cependant, les délais de location s’allonge à Paris. Les propriétaires doivent en moyenne compter 19 jours pour trouver un locataire dans la capitale, soit une hausse de 4,1 % sur un an. « Paris est encore dans une dynamique rapide mais qui tend à se ralentir alors que le marché au global connaît un mouvement inverse. Arriverons-nous à des délais de locations similaires en France et sur le reste du territoire ? Nous n'en sommes pas encore là ! », détaille Séverine Amate.