
Immobilier : printemps en demi-teinte

Après l’euphorie de ces dernières années, le marché immobilier serait-il en train de se normaliser ?
Dans son dernier baromètre publié ce lundi 2 mai, la plateforme d’estimation en ligne Meilleurs Agents relève un ralentissement de la hausse des prix dans les grandes villes en avril. Elle s’est ainsi établie à 0,3 % le mois dernier sur l’ensemble du territoire alors qu’elle était encore de 0,7% à la même période ces trois dernières années. Le coup de frein est encore plus visible dans les grandes villes. Leurs prix ont enregistré une hausse de 0,7%, soit deux fois moins qu’en avril 2021. «Si quelques-unes des communes du top 10 font exception (Marseille, Strasbourg et Montpellier avec respectivement 0,9%, 0,8% et 0,5% de hausse en un mois), la majorité d’entre elles baissent ou stagnent en d’avril, précise Meilleurs Agents dans sa note. Nantes (-0,1%) et Toulouse (-0,2%) passent dans le rouge, dans la lignée de Lille (-0,3%) et Nice (-0,5%)».
Paris toujours en repli et un m² à 10.170 euros
Huitième mois de baisse consécutif pour la capitale ! En avril, Paris a vu ses prix baisser de 0,2% pour atteindre 10.170 euros le m². Le seuil des 10.000 euros se rapproche donc, même s’il aurait déjà été franchi par «38% du parc immobilier parisien depuis avril», affirme Meilleurs Agents.
Les chiffres des notaires du Grand Paris sont plus optimistes. Ils relevaient encore un prix au m² de 10.550 euros en février (soit une baisse de 1,2% sur un an). S’ils prévoient une poursuite de la tendance baissière, ils tablent sur une moyenne de 10.410 euros du m² en juin 2022, «en baisse annuelle de 2,4% et avec un retour au prix observé en mars 2020», écrivent-ils dans leur note de conjoncture de février.
L’érosion des prix dans la capitale contraste avec le dynamisme des ventes : 8.780 ventes entre décembre 2021 et février 2022, +8% par rapport à la même période un an plus tôt. Les notaires suggèrent que la baisse des prix apporte de la fluidité au marché en ouvrant de nouvelles opportunités aux acquéreurs.
Source : Meilleurs Agents
Situation contrastée en Ile-de-France
Du côté de la région parisienne, les chiffres semblent indiquer un retour progressif à la normale.
Entre décembre 2021 et février 2022, l’activité est globalement en retrait : 40.210 ventes, soit -6% par rapport à la même période l’année d’avant. Mais «au-delà d’une comparaison nécessairement décevante par rapport aux records historiques d’activité que nous avons récemment connus (…) les volumes de ventes s’inscrivent 7% au-dessus des 37.510 ventes enregistrées en moyenne ces 10 dernières années», tempèrent toutefois les notaires du Grand Paris.
Après avoir bénéficié d’un fort dynamisme, le marché de la maison se replie un peu plus nettement que celui des appartements (respectivement -13% et -3% en un an). Côté prix, la capitale tire le marché des appartements franciliens à la baisse : +0,5% en un an seulement contre 6% pour les maisons.
Les projections basées sur les avant-contrats suggèrent une poursuite de la hausse pour les maisons, avec une hausse annuelle attendue de 6,7% en Ile-de-France en juin, de 5% en Petite Couronne et 7,5% en Grande Couronne. La hausse des prix des appartements serait ramenée à 1% en un an en Petite Couronne et accélérerait à l’inverse en Grande Couronne (+4,5% en un an).
Les volumes de vente en Ile-de-France
Source : les notaires du Grand Paris
Zones rurales : +17% depuis le premier confinement
Elles continuent à narguer la capitale. Les citadins qui ont fui les villes pour se mettre au vert ont contribué à surchauffer les marchés des zones rurales. Résultats : les prix immobiliers y ont bondi de 17% depuis mars 2020 selon Meilleurs Agents. En avril, ils étaient encore en hausse de 0,9%, soit l’équivalent de 259 euros supplémentaires en moyenne par m² (actuellement 1.780 euros contre 1.521 euros en 2020).
«Plus frappant encore, cette accélération permet désormais aux zones rurales de faire jeu égal en matière de croissance tarifaire au cours des cinq dernières années avec Paris, écrit la plateforme dans sa note. De fait, ces secteurs tout comme la capitale ont connu depuis le 1er janvier 2017 une croissance des prix de la pierre de 23%.»