
Immobilier : marché en surchauffe ?

Pas de répit pour le marché immobilier. Comme le souligne le courtier Vousfinancer, les banques ont profité de la pause estivale pour gérer le stock de dossiers en attente. Les délais de traitement étant quasiment revenus à la normale, la demande est très dynamique en cette rentrée. Mais en parallèle, l’offre ne suit pas forcément, surtout dans le neuf qui est confronté à une pénurie. Les professionnels préviennent que la flambée des prix ne fait que commencer.
Les prix de l’ancien en hausse de 3,4 % en un an
La baromètre LPI Se Loger pointe une augmentation des prix de l’ancien de 3,4 % sur les douze derniers mois. Dans le détail, ce sont surtout les appartements qui subissent une forte inflation (+ 6,8 %) alors que les maisons sont étonnamment en baisse (- 1,2 %). Bien ce que cette tendance ne soit pas nouvelle, elle semble se calmer : « après plus de 6 mois de dégradation, les prix signés des maisons se sont ressaisis en juillet : + 0.4 % sur 3 mois, explique le baromètre. Le resserrement de l’accès au crédit constaté en juillet a découragé une partie de la demande, celle qui depuis quelques mois avait retrouvé un certain dynamisme et remplacé les « néoruraux » ».
Du côté du neuf, la situation semble un peu plus contrastée. A en croire le baromètre pourtant, les chiffres ne sont pas alarmants. La hausse des prix des logements neufs se serait atténuée ces derniers mois : + 2,9 % sur un an à fin juillet (alors que l’augmentation était de 4,1 % à la même période en 2020). Les appartements sont en forte hausse (+ 4,5 % sur un an) alors que les maisons reculent (- 4,5 %).
Néanmoins, les professionnels s’alarment. Lors d’une table-ronde sur le marché à l’occasion de l’université d’été de l’Anacofi jeudi 2 septembre, ils étaient plusieurs à faire part de leur inquiétude. Alors que les nouvelles normes environnementales pesaient déjà sur leurs coûts, les constructeurs doivent désormais composer avec une inflation qui repart et surtout une pénurie de certains matériaux, notamment l’acier et le bois. Ajouté à cela, les permis de construire qui continuent à être délivrés au compte-goutte malgré une légère amélioration. La conjonction de tous ces éléments devrait continuer à alimenter la hausse des prix, déjà engagée depuis plusieurs mois et pourrait même impacter la production de crédit selon certains experts. « Ce cycle de forte inflation va inévitablement entraîner une remontée des taux d’intérêt, avance Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi. À noter que les taux sont maîtrisés et que par conséquent la hausse ne sera pas brutale ». Pour l’instant de ce côté-là, la météo est toujours au beau fixe.
Les banques font les yeux doux aux emprunteurs
En parallèle d’une offre plus chère, la demande continue à être fortement stimulée. Les courtiers ont relevé que certaines banques ont revu leurs barèmes de septembre à la baisse, même si c’est la stabilité qui domine. « Les taux moyens sont actuellement de 0,95 % sur 15 ans, 1,10 % sur 20 ans et 1,35 % sur 25 ans, un niveau record », indique ainsi Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer. Malgré le risque que les recommandations du Haut conseil de stabilité financière ne deviennent bientôt juridiquement contraignantes, les banques pourraient continuer à se montrer accommodantes. « Elles sont à nouveau en phase de conquête de clientèle en cette rentrée, dernière ligne droite pour atteindre leurs objectifs de production pour certaines, et même les dépasser pour d'autres, explique Julie Bachet. »
Les conditions des banques sont certes très favorables, mais l’augmentation des prix pourrait gâcher la fête et semble même avoir déjà un impact sur la rentabilité de certaines acquisitions.
5 ans et 8 mois pour rentabiliser son acquisition
Selon le courtier Meilleurtaux, le délai de détention pour rentabiliser une acquisition immobilière a augmenté. Il a bondi de 3 ans et 5 mois en 2020 à 5 ans et 8 mois en 2021. « Malgré la baisse des taux, la montée des prix rend la situation beaucoup plus compliquée que l'an passé dans un quart des villes de France, explique Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux.com. L'immobilier dans les grandes métropoles enregistre des prix toujours plus hauts, ce qui rend l'achat moins évident ».
Seules Perpignan, Le Mans et Reim voit leur durée diminuer. Partout ailleurs, la tendance est à la hausse, surtout dans les grandes villes. Ainsi, à Paris, il faut 7 ans de plus qu'en 2020 (soit 20 ans au lieu de 13) pour que l'achat de sa résidence principale soit « économiquement intéressant ». Lyon enregistre la progression la plus forte : 28 années, contre 18 en 2020. Un bond qui s’expliquerait par la forte hausse des prix enregistrés sur cette ville qui connaît la plus grosse évolution en France.