
DPE : les Français se débarrassent de leurs passoires

Rénover ou vendre sa vieille passoire thermique? La loi Climat et résilience et son calendrier progressif d’interdiction à la location des passoires thermiques force leurs propriétaires à se positionner avant que le couperet ne tombe. Face à ce choix, les Français semblent avoir opté pour la facilité : ce sera la vente !
C’est ce qui ressort d’une étude menée par Meilleurs Agents et SeLoger. Les deux sociétés cousines (toutes deux appartiennent au groupe Axel Springer) ont passé au crible les petites annonces déposées sur leurs plateformes. L’étude étant partielle, les chiffres sont à prendre avec du recul, mais donnent une bonne indication de ce qu’il se passe sur le marché.
Les annonces de passoires augmentent de 7%
Selon l’étude, les mises en vente de passoires thermiques ont augmenté de 7,7% en 2021. Les annonces d’appartements classés F ou G ont bondi de 8% par rapport à 2020, alors que la hausse n’est que de 3,5% pour ceux mieux notés. «Quant aux maisons énergivores, le volume de leurs annonces s’envole (+7,4% sur 1 an) alors que, dans le même temps, la tendance est au repli (-10,4%) sur les mises en vente de maisons bénéficiant d’un meilleur DPE», écrivent les deux sociétés dans leur note. Au total, les passoires thermiques ont représenté 12,9% des annonces l’année dernière.
Cet afflux de biens énergivores sur le marché immobilier et la pression croissante sur la performance énergétique des logements jouent en faveur des acquéreurs. Résultat : le prix des passoires dévisse.
Meilleurs Agents et SeLoger ont relevé une décote moyenne de 13% pour un appartement F ou G par rapport à un bien A ou B. La sanction est encore plus sévère pour les maisons énergivores : jusqu’à 17%. «Par ailleurs, cette différence s'accentue dans le temps puisque la hausse de prix de l’immobilier pour les biens considérés comme passoires en France est de seulement 2% au cours de l’année 2021, contre 5,7% pour les non-passoires», ajoutent les experts dans leur étude.
Les marchés tendus échappent à l’érosion des prix
Les passoires des grandes villes font de la résistance. «La concurrence entre les acquéreurs tend à gommer les défauts thermiques des biens proposés à la vente», peut-on lire dans l’étude. Ainsi, à Paris, les biens F et G se sont vendus en moyenne 1,1% plus cher que les autres logements (plus récents, mieux isolés mais sans le cachet de l’ancien). «La raison étant que, dans la capitale, beaucoup de bâtiments historiques et prestigieux sont des passoires énergétiques, et les ménages prêts à sauter le pas de la propriété dans la capitale accordent plus d’importance à cette caractéristique qu’à la valeur verte du bien, expliquent les auteurs de l’étude. Malgré cette tendance inversée à Paris, les passoires énergétiques connaissent une baisse plus importante en 2021 de -4,2% contre -0,2% pour les logements parisiens peu énergivores».