SCPI

« Cette crise va tester la résistance des acteurs du secteur »

Oliver Grenon-Andrieu, président du cabinet de CGP Equance revient sur l'impact de la crise sanitaire sur les SCPI. S'il s'attend à quelques difficultés il reste confiant sur leur capacité à rebondir.
Oliver Grenon-Andrieu, président d'Equance

L’Agefi Actifs. - Quels sont les impacts de la crise sanitaire sur les SCPI ?

Oliver Grenon Andrieu : L’effet le plus immédiat va se ressentir sur la collecte qui va se contracter pendant les prochaines semaines. Les délais de traitements des dossiers de crédits immobilier dans les banques pourraient bien s’allonger et les conditions d’octroi du crédit se durcir. Ce durcissement avait déjà commencé avant la crise sanitaire à la suite des recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière (HSCF) en fin d’année 2019. Toutefois, la collecte nette est encore positive de manière significative aujourd’hui, ce qui permet d’assurer la liquidité sur ce marché.

Certaines sociétés de gestion d’actifs immobiliers nous confirment aussi que les transactions locatives seront certainement ralenties et que les travaux de remise en état seront retardés. Cependant, cela devrait rester peu volumineux pour avoir un impact significatif sur les résultats de l’année 2020.

D’autres sociétés nous informent que les SCPI pourraient être impactées par une diminution de la performance annuelle et donc du dividende mensuel. Une baisse de la valeur des immeubles situés dans les zones les moins attractives est aussi envisageable, ce qui entraînera mécaniquement une baisse du prix des parts.

Pour autant, nous estimons que les SCPI devraient rester attractives en 2020. Aujourd’hui, il y a peu de véhicules susceptibles d’héberger l’épargne des Français qui présentent autant de caractéristiques rassurantes.

Quels effets auront les mesures prises par le gouvernement français ?

La mesure qui pourrait inquiéter au premier abord est celle de la « suspension des loyers versés par les PME en difficultés » aux bailleurs de leurs locaux. Il faut relativiser cette mesure qui concernera surtout les petites entreprises. En outre, les décisions de soutien massif annoncées devraient leurs permettre de se relever rapidement.

Les sociétés de gestion mettront en place des mesures d’accompagnement comme par exemple, des délais de paiements ou franchise avec renouvellement du bail. Il ne faut pas oublier qu’avant cette crise sanitaire, l’ensemble des signaux économiques étaient positifs et nous pouvons penser à un effet de rattrapage économique rapide à la résolution de cette épidémie.

De plus, l’intervention des banques centrales par l’augmentation des liquidités et par leurs politiques de taux très bas, nous laisse à penser que la remontée sera relativement plus rapide que les crises antérieures.

De quels moyens disposent les SCPI pour faire face à cette crise ?   

Les associés des parts de SCPI sont protégés par des baux à long terme. Cet aspect renforce la place de l’immobilier commercial et du secteur de la santé en tant que valeur refuge.

La diversification des typologies d’investissements dans les SCPI (bureaux, commerces, logistiques, etc.) et la répartition géographique (Île-de-France, province et étranger) permettent la mutualisation des risques, essentielle pour faire face à la crise.

Un autre moyen efficace dont dispose les SCPI est le report à nouveau, correspondant aux résultats non distribués au cours de l’année et mis en réserve. Il est justement prévu pour pallier les différentes fluctuations des marchés. Les SCPI possédant ces réserves pourront soutenir la distribution des dividendes en 2020.

Cette crise va tester la résistance des acteurs du secteur où subsiste 32 sociétés de gestion pour 96 SCPI sur le marché de l’immobilier d’entreprise. Celles qui n’auront pas respecté les règles prudentielles connaitrons plus de difficultés à traverser cette période.