
Vendôme Capital Partners est en passe de perdre son agrément
Clap de fin pour Vendôme Capital Partners (VCP). La société de gestion spécialisée en immobilier est «en cours de retrait d’agrément», indique le site de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui n’a pas souhaité apporter de commentaires. Une décision qui met fin à des mois de surveillance de la part du régulateur. Si la motivation de cette décision reste encore imprécise, elle ferme la page sur des problèmes aigus de gouvernance et des irrégularités techniques, selon des sources proches du dossier.
L’année 2017 aura été celle d’une succession de départs au plus haut niveau du management de VCP. François Hellmann, directeur général, Stephen Bazire, directeur général délégué, Faïz Hebbadj, directeur pôle immobilier, pour ne citer qu’eux, quittent le navire.
Historiquement, le capital de ce gestionnaire créé en 2010 était détenu directement ou indirectement par cinq personnes privées. «Il y avait le clan des majoritaires, Olivier Colas et Stéphane Broussaud, détenteurs de 52% du capital et celui des minoritaires, qui pesaient à eux trois les 48% restants», se souvient un ancien collaborateur lui aussi démissionnaire. Un groupe d’actionnaires fragile puisqu’à l’été 2016 un conflit larvé éclate au grand jour : «certains fondateurs avaient rendu l’accès des locaux totalement impossible aux autres», se souvient un employé. L’Autorité des marchés financier (AMF) nomme alors un mandataire pour dénouer une situation dégradée. En vain.
La guerre intestine aboutit en mars 2017 à une prise de pouvoir de deux des associés fondateurs, les «majoritaires». Olivier Colas, devient président directeur général et Stéphane Broussaud, directeur général délégué. «Une décision qui n’aurait pas été validée par l’AMF», souffle une source proche du dossier. Mais là aussi, revirement de situation, Stéphane Broussaud aurait quitté la structure il y a quelques semaines.
L’histoire aurait dû mieux tourner. La société de gestion peut se prévaloir six ans après son lancement d’un encours à mi-juin 2016 de 4,4 milliards d’euros, dette comprise et de 449 immeubles acquis au travers de plusieurs dizaines d’OPPCI (Organismes professionnels de placement collectif immobilier). En mai 2015, VCP crée sa première (et dernière) SCPI, Vendôme Régions, qui délivre 6,10% nets en 2016 et se targue de 38,68 millions d’euros de capitalisation en septembre 2017. Mais les défaillances techniques s’accumulent. Certains distributeurs évoquent «un manque de transparence sur des chiffres essentiels comme la collecte, les acquisitions. Les bulletins trimestriels posaient problèmes et les interrogations restaient souvent sans réponses», souligne l’un d’entre eux. Plus gênant, un éventuel «défaut d’assurance des membres du conseil de surveillance, indique Christophe Zeller, directeur général de ViaGeo, une société de conseil et d'ingénierie immobilière et patrimoniale. Or, en qualité de mandataires sociaux, ces derniers doivent être couverts par une assurance responsabilité civile». Contactés, les dirigeants de VCP n'étaient pas en mesure de répondre aux questions de L'Agefi.
Aujourd’hui, la gestion de tous les fonds, SCPI comprise, de Vendôme Capital Partners est en cours de transfert vers une ou plusieurs autres sociétés de gestion. «Si un retrait d’agrément pour une société de gestion en immobilier est peu courant, souligne Christophe Zeller, le changement de gestion d’une SCPI est un phénomène qui s’est déjà produit». BNP Paribas REIM avait notamment perdu en 2013 la gestion de Capiforce Pierre, alors confiée à Paref Gestion. En 2017, Sofidy démissionnait de son mandat de gestion des SCPI Cifocoma 1 et 2, au profit là aussi de Paref Gestion.