Société de gestion

Vanguard l’arme au pied sur le marché français

Le gestionnaire a perçu un changement dans le marché de la gestion en France avec l’arrivée de la directive Mif
Les fonds indiciels et les ETF ont un rôle plus important à jouer auprès d’une clientèle finale de particuliers
Guy Parent, responsable France de Vanguard

Ce n’est pas, encore, un raz-de-marée, mais, depuis quelques mois, Vanguard, un des plus grands gestionnaires du monde, s’intéresse de près à la France. Certes, le gestionnaire n’est que peu présent dans l’Hexagone, avec six milliards d’euros sous gestion, mais les autres acteurs de la gestion d’actifs ont tout intérêt à surveiller ce mastodonte qui, avec ses 5.300 milliards de dollars sous gestion, reste le leader incontesté de la collecte dans le monde depuis cinq ans (232 milliards de dollars de collecte en 2018, selon les premières estimations du gestionnaire au début du mois de janvier).

Visibilité accrue. Aujourd’hui, Vanguard est essentiellement présent auprès des institutionnels, qui constituent 90 % de ses encours en France, mais Guy Parent, responsable France de Vanguard révèle que « le groupe a renforcé ses équipes et mis en place de nouveaux moyens pour servir ses clients en Europe continentale ». Il est vrai que même si la concurrence est rude, le groupe dispose d’un levier de développement important sur cette partie du monde. Principalement actif aux Etats-Unis (qui représentent 90 % de ses encours), le groupe pourrait d’un jour à l’autre décider d’augmenter sa part de marché en Europe, qui, Royaume-Uni compris, représente un peu moins de 180 milliards de dollars d’encours.

Un ADN mutualiste. Le modèle de Vanguard s’est révélé pendant longtemps non adapté au marché français de la distribution intermédiée, mais les choses sont en train de changer, bien que cela ne soit encore que progressif. Le groupe a en effet été créé en 1975 pour répondre au besoin des clients institutionnels et particuliers américains de se constituer une épargne financière à bas coût. La société fonctionne à prix coûtant, et propose principalement des produits indiciels (fonds et ETF) mais aussi des produits de gestion active - ces derniers pèsent aujourd’hui 1.300 milliards de dollars.
 Cette politique de coût bas a évidemment une incidence sur le mode de distribution du gestionnaire, puisque celui-ci ne verse aucune rétrocession. En France, celles-ci restent autorisées pour les conseillers en investissement financiers non indépendants, mais les banques privées n’en appliquent déjà plus ni dans leurs fonds ni leurs mandats et certains conseillers en investissements financiers choisissent maintenant une rémunération sous forme d’honoraires. « Le conseil, lors de la distribution, demeure très important, mais les choix des conseillers ne doivent pas être motivés par une quelconque rémunération issue de rétrocessions », confirme Guy Parent.
 Le prix de la gestion tend donc à devenir un argument dans le choix des sous-jacents. Or Guy Parent confirme être « là pour la durée, et avec des prix bas, car cela fait intégralement partie de notre modèle de fonctionnement ».
Et si le critère du prix reste subsidiaire pour les particuliers français, il tend à prendre de l’importance. Pour preuve, le développement des fonds indiciels et ETF dans les contrats d’assurance vie qui, même s’ils restent encore très minoritaires, ne cessent d’augmenter.

Retour d’une vision cœur-satellite. Hormis ces anticipations de changements dans la commercialisation des produits, Vanguard estime également que l’utilisation de fonds indiciels a aujourd’hui toute sa place dans une allocation. Le gestionnaire revient ainsi sur le concept très en vogue il y a une dizaine d’année d’allocation cœur-satellite, où « des produits de cœurs de portefeuilles indiciels se chargent de procurer le bêta à l’investisseur et de servir de base aux allocations stratégiques voire tactiques, et cohabitent avec des produits dits satellites, qui recherchent un supplément d’alpha, c’est à dire de surperformance par rapport aux indice ou de la performance absolue décorrélée », explique Guy Parent.
 Quoi qu’il en soit, le gestionnaire, même s’il reste discret, a tout de même tout mis en œuvre pour préparer une accélération de son développement en France.