
UBS réorganise sa gestion de fortune

UBS ne doit pas regretter d’avoir fait venir Iqbal Khan pour co-diriger son activité de gestion de fortune. Le transfuge de Credit Suisse, à peine trois mois après son arrivée chez son nouvel employeur, semble en effet avoir la confiance des marchés. La fuite hier d’un plan de restructuration de l'activité de gestion de fortune de la banque - comprenant la suppression de 500 postes - qu’il a élaboré avec le second co-directeur de l’activité Tom Naratil, a immédiatement provoqué une hausse du cours du titre, celui-ci progressant de 2,48% à la clôture, pour un indice de la Bourse suisse en hausse de seulement 0,17%.
Cette nouvelle a provoqué une inflexion dans la manière dont certains opérateurs de marché percevaient la banque. Les analystes de Deutsche Bank ont d’ailleurs relevé leurs prévisions sur UBS, estimant que son activité de gestion de fortune bénéficiait d’un «potentiel de rattrapage» avec l’arrivée d’Iqbal Khan. En 2019, le cours de l’action UBS a baissé de 0,08% en franc suisse alors que celle de son concurrent Credit Suisse a progressé de 21,34% dans la même devise.
Selon un document que s’est procuré L’Agefi, UBS veut rendre sa structure de gestion de fortune plus réactive, en divisant notamment la couverture de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA), dirigée par Christl Novakovic, en trois unités distinctes. Caroline Kuhnert, aujourd’hui responsable du Family Office et des très grandes fortunes (UHNW, pour ultra high net worth) pour l’EMEA aura la responsabilité de l’Europe centrale et l’Europe de l’Est, Ali Janoudi, auparavant responsable de la gestion privée pour l’Europe de l’Est, le Moyen-Orient et l'Afrique dirigera la zone Moyen-Orient et Afrique, tandis que Christl Novakovic conservera l’Europe de l’Ouest. Tous trois restent rattachés à Ikbal Khan. A l’heure actuelle, «ces mouvements n’auront pas de répercussion directe sur l’activité de la banque privée en France», précise une source interne de la banque.
UBS insiste à plusieurs reprises, dans ce document interne, sur le «rapprochement avec les clients». Concrètement, derrière ce terme, en revoyant son organisation avec des structures plus légères, UBS veut augmenter les échanges entre ses différents pôles. Au dernier trimestre, les résultats de sa banque d'investissement avaient d'ailleurs déçu, et aujourd’hui, «cette nouvelle organisation permet d’augmenter les synergies de la gestion de fortune avec la banque d’investissement et la gestion d’actifs», explique un porte-parole de la banque.
Cette nouvelle organisation pourrait donc permettre à UBS de profiter du développement de sa gestion de fortune en EMEA, alors même que son activité sur ce créneau recule aux Etats-Unis. Aujourd’hui, le groupe compte 1.334 milliards de dollars d’actifs aux Etats-Unis, contre 524 milliards en zone EMEA. 420 milliards en Asie-Pacifique et 221 milliards en Suisse. Cependant, les actifs détenus aux Etats-Unis sont beaucoup moins rémunérateurs : le ratio de coûts sur bénéfices (cost income ratio) de la zone Amérique n’est que de 85%, contre 70% pour la zone APAC, 71% en EMEA et 59% pour la Suisse. Ceci est dû en partie au fait que le marché américain reste beaucoup plus intermédié (la banque passant souvent par des conseillers financiers) que le marché européen.
Par ailleurs, la dynamique est clairement en faveur des zones géographiques en dehors des Etats-Unis. Ainsi, cette zone a connu des sorties de plus de 8,4 milliards de dollars pendant les neuf premiers mois de l’année 2018, alors que l’EMEA, l’Asie-Pacifique ou la Suisse ont collecté respectivement 10,6 milliards, 28 milliards et 6,2 milliards de dollars sur la même période.