
Truffle Capital élargit sa clientèle

Truffle Capital est aujourd’hui un nom familier pour certains particuliers, pour les conseillers en gestion de patrimoine et certains family offices. Dans les mois qui viennent, cet acteur compte aussi se faire une place auprès des investisseurs institutionnels. Dès 2001, lors de sa création, le gestionnaire s’adressait à cette cible de clients mais rapidement, les réseaux bancaires puis les conseillers en gestion de patrimoine à partir de 2012 lui ont amené la majeure partie de ses actifs. Aujourd’hui, la société, qui gère 800 millions d’euros répartis à 70 % sur les clients particuliers et à 30 % sur une clientèle institutionnelle, est bien décidée à passer rapidement le cap du milliard d’euros sous gestion. Elle s’appuie, pour cela, notamment sur le réseau de Patrick Kron qui, après avoir dirigé Alstom pendant douze ans, a rejoint la société en novembre dernier en qualité de président.
Socle élargi.
Il ne s’agit pas, pour Truffle, d’abandonner sa clientèle historique d’investisseurs particuliers mais d’équilibrer son socle de clients en proposant d’autres produits à destination d’investisseurs capables de mobiliser des sommes importantes, notamment des institutionnels traditionnels, des grands groupes industriels ou encore des family offices. « A terme, les institutionnels pourraient représenter la majorité de nos clients, alors que c’est l’inverse aujourd’hui », déclare Patrick Kron.
Outre ses produits de campagne - Truffle propose, comme chaque année, un fonds commun de placement dans l’innovation (FCPI) permettant une réduction d’ISF -, le gestionnaire veut lever 350 millions d’euros via deux fonds : le premier, de 100 millions d’euros, sur les biotechs et les medtechs - la spécialité historique de Truffle -, le second, de 150 millions d’euros, sur les fintechs et les insurtechs. « Dans tous ces secteurs, il existe de nombreux projets intéressants. Nous pouvons les financer, avec l’aide d’investisseurs français et internationaux, mais nous pouvons aussi les aider, plus tard, à organiser leur introduction en Bourse ou leur intégration à un grand groupe industriel », explique Patrick Kron.
Spécificité.
Si ces développements commerciaux et l’arrivée d’un président issu de l’industrie traditionnelle marquent une inflexion dans la stratégie commerciale de Truffle Capital, la société se défend de tout changement dans ce qui faisait jusqu’alors sa spécificité par rapport à d’autres acteurs du capital-investissement. « Nous sommes et restons des entrepreneurs », explique Philippe Pouletty, cofondateur et directeur général de la société. « Nous sommes cofondateurs, voire seuls fondateurs de la plupart des sociétés que nous détenons en portefeuille. Nous en sommes toujours des actionnaires de contrôle, souvent majoritaires, et nous les accompagnons très activement tout au long de leur vie », complète Patrick Kron.
L’autre point sur lequel le gestionnaire ne veut pas transiger est le côté innovant des entreprises qu’il finance. « Nous recherchons des projets ou des sociétés qui développent une innovation radicale, c’est-à-dire qui disposent de brevets puissants - ce qui bloque la concurrence - et qui veulent proposer des produits qui n’existent pas et peuvent changer la vie des gens », déclare Philippe Pouletty. La société a donc tissé des liens avec un réseau composé de nombreux laboratoires de recherche issus des grandes universités ou écoles, françaises ou étrangères. « Nous recevons ou allons chercher des projets issus d’équipes de recherche qui viennent du monde entier et nous créons les sociétés majoritairement en France », se félicite Philippe Pouletty.
Evidemment, les investisseurs devront supporter les incertitudes qui peuvent exister au stade très avancé de la recherche et développement, ce à quoi Patrick Kron répond que « Truffle investit au tout début des projets, mais de manière très progressive. Si l’un d’entre eux vient à ne pas évoluer comme nous l’anticipions, nous nous en apercevons en général assez vite, ce qui limite les pertes que nous pourrions subir en cas d’échec de la technologie développée ».