
Risque, y es-tu ?

Les marchés, qui aiment les clichés nets, peuvent être satisfaits. Sur la photo France, tout est en ordre de marche. Avec un président et une Assemblée nationale au diapason – ainsi que, par ailleurs, des projets de libéralisation de notre économie –, on comprend leur optimisme. Et ce d’autant que le Vieux Continent se porte mieux, créant un environnement favorable. Sur les marchés d’actions en revanche, il ne se passe pas grand-chose. Entendons-nous, la progression de l’indice depuis le début de l’année est réelle mais l’indicateur « volatilité » qui mesure les écarts de prix d’un actif reste, pour sa part, étrangement bas. Comme si le risque avait disparu. Que les marchés ne frémissent pas dans des phases positives, soit. Mais ils ne tremblent pas non plus lorsque le ciel s’assombrit et ces derniers temps, ils en avaient la possibilité. Ils auront ainsi quasiment sans sourciller encaissé le Brexit, l’arrivée de l’inattendu Donald Trump à la Maison-Blanche et le récent embrouillamini politique britannique. Il y a bien eu cette correction des valeurs technologiques aux Etats-Unis, l’action Apple ayant par exemple dévissé de plus de 7 % en une semaine de Bourse. Mais les investisseurs en ont fait fi et en Europe, le doute n’a duré que quelques jours. Il y a bien eu aussi la décision de la Fed de procéder à un relèvement de ses taux courts d’un quart de point – en général, les marchés émergents en sortent secoués –, mais décidément, rien n’émeut plus les places financières, les émergents n’ont quasiment pas bronché.
Il faut dire que les marchés disposent d’un filet de protection tendu par les banques centrales, promptes à combattre le risque sous toutes ses formes. La mission est remplie et personne n’a trouvé à y redire, comme le confirme la dernière étude sur la gestion de fortune du Boston Consulting Group. Le patrimoine financier de l’ensemble des ménages de la planète a progressé de 5,3 % en 2016, grâce à la croissance économique et la performance des marchés de capitaux. L’Europe n’a pas été laissée pour compte mais avec une hausse de 3,2 %, elle constitue l’une des zones dans le monde qui en a le moins profité. Les projections de l’étude du BGC sont de la même veine. A horizon 2021, le patrimoine financier va augmenter de 57.000 milliards de dollars, du fait pour moitié d’une progression du rendement des actifs et pour une autre de la création de nouvelles richesses (51 % contre 49 %). Avec une augmentation de 8.000 dollars du patrimoine, dont 52 % du fait d’une progression du rendement des actifs et 48 % en raison de la création de nouvelles richesses, l’Europe est encore à la traîne. En fait, pour goûter aux charmes des progressions proches des deux chiffres, mieux vaut se tourner vers la région Asie-Pacifique (9,5 %). D’autant que d’ici à 2021, cette région va connaître la hausse la plus forte (23.000 milliards d’augmentation), portée principalement par le rendement des actifs. L’Asie a donc ses charmes. Mais elle a aussi ses inconnues. La Chine et ses créances douteuses inquiètent et appellent à une certaine prudence. Et si le risque y préparait son retour ?