Portrait

Pascale Baussant - Qui m’aime me suive

Mathilde Castagna
La patronne du cabinet Baussant Conseil se positionne depuis plus de dix ans en messie de l’épargne durable. Aujourd’hui, elle prend la tête de la commission durabilité de la CNCGP.

C’est un mythe pour certains, une réalité pour d’autres. La « crise de la quarantaine », ou « crise de la moitié de vie » – comme dirait le psychologue Elliott Jaques, à l’origine de ce terme –, se manifeste la plupart du temps sous la forme d’une prise de conscience. Phénomène constaté principalement dans nos cultures occidentalisées, elle se traduit par une volonté de changement radical ou par de nouvelles envies. Qu’elle soit imaginaire ou réalité, c’est en tout cas ce qui a permis à Pascale Baussant, dirigeante et fondatrice du cabinet de conseil en gestion de patrimoine du même nom, de prendre un tournant dans sa vie professionnelle et d’embarquer qui veut bien la suivre dans l’aventure de l’épargne durable.

Tout part donc d’une crise de la quarantaine. Pascale Baussant célèbre alors l’anniversaire des dix ans de son cabinet. Après une décennie passée à construire, puis à s’agrandir à coups de croissance externe, le besoin de se renouveler se fait sentir. La dirigeante pourrait continuer la course aux résultats, qui se doivent d’être toujours plus importants, mais, à ce moment-là, c’est « la quête de sens » qui l’intéresse. Elle prend ainsi un virage serré, sur une route encore peu empruntée à l’époque : l’axe sociétal. Une étape importante pour elle qui n’en est pas à son premier essai dans le monde de l’entrepreneuriat. Avant de monter son propre cabinet en 2002, la dirigeante était associée au sein de Fleury Gard Ringrave & Associés, où elle avait, du haut de ses 26 ans, placé tous ses pions. « Cette entreprise a coulé. Nous avons déposé le bilan quatre ans plus tard. Ça a été à la fois une expérience formatrice – je me suis retrouvée, à 29 ans, sans emploi, sans économies et avec un bébé de 3 mois sur les bras – mais douloureuse aussi », décrit-elle.

Mais, passée la quarantaine, la donne a changé, elle n’hésite pas. Pascale Baussant débute par les petits gestes du quotidien et s’implique – entourée de son équipe – dans l’écriture d’un livre blanc. Elle développe ensuite une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises), en interne d’abord, puis la décline dans sa politique d’investissement. Pour aller plus loin, le cabinet adhère rapidement à « 1 % pour la planète », un collectif d’entrepreneurs qui s’engagent à reverser 1 % de leur chiffre d’affaires à du mécénat environnemental. « Ça ne paraît pas beaucoup, 1 %… mais c’est 1 % quel que soit le bénéfice et chaque année », souhaite souligner Pascale Baussant. C’était surtout le premier cabinet indépendant à se rallier à ce collectif.

Rigueur et engagement

« Maintenant qu’on a mis les pieds dans la défense de l’environnement, c’est impossible de revenir en arrière. Lorsqu’on est informé sur ces sujets-là, on se rend compte des besoins immenses. » Depuis, la fondatrice de Baussant Conseil se positionne comme l’une des voix majeures de l’épargne responsable et durable chez les intermédiaires. Après l’écriture de trois livres, dont le dernier, Agir pour le climat avec son épargne, paru aux éditions EMS en septembre dernier, elle cumule quatre mandats en plus de son activité de conseillère en gestion de patrimoine. « Je suis persuadée que nous n’en sommes qu’au début du chemin. La finance se fait encore discrète dans le débat mais, bientôt, tout le monde se rendra compte de l’impact que l’on peut avoir grâce à ou à cause de son épargne. »

Membre du comité de mission de l’entreprise Chiesi France, elle a également rejoint le comité du label ISR et travaille sur sa refondation. Pascale Baussant a aussi été invitée à prendre la présidence de « 1 % pour la planète » France pour un mandat de trois ans. Une décision qui aura porté ses fruits puisque, depuis, plus de 15 CGP ont rejoint la cause. Mais Pascale Baussant va plus loin. Lorsque la Chambre nationale des conseils en gestion de patrimoine (CNCGP) lui propose d’incarner ces sujets, elle accepte. Elle se retrouve ainsi administratrice et présidente de la commission durabilité, fraîchement créée par l’association des professionnels. « On est en train de construire un guide RSE pour les petits cabinets de CGP. Ce n’est pas parce que l’on est un petit cabinet, que l’on ne compte pas. Tous les gestes comptent. »

Cette rigueur, Pascale Baussant l’applique aussi dans sa vie privée. En plus de sa passion pour l’écriture et la musique, elle est une fervente défenseuse du « made in France » et de la création artisanale. Fille d’un Aveyronnais, elle passe toute sa jeunesse en Algérie, où ses parents sont expatriés. Devenue majeure, elle traverse la Méditerranée pour rejoindre Marseille et entamer ses études supérieures. Elle poursuit en intégrant ensuite une école de commerce et un master de l’ESCP gestion de patrimoine. Lorsqu’elle évoque sa mère, elle n’hésite pas à la décrire comme une « travailleuse », « une femme en avance sur son temps ». Des qualités qu’elle n’a certainement pas manqué d’hériter. 


Son profil…

Après une enfance passée en Algérie, Pascale Baussant s’installe à Paris, mais ne loupe pas une occasion de rejoindre les terres de son père, dans les gorges du Tarn. Elle multiplie aujourd’hui les voyages en train. Ses dernières escapades étaient en Suisse et en Autriche.