Jacques Potdevin, fondateur et président, et Hervé Puteaux, directeur général, JPA International

Vous avez fondé JPA International, réseau fédéraliste de cabinets indépendants d’experts-comptables, de commissaires aux comptes et de conseils. Comment voyez-vous l’avenir de votre profession ?

Jacques Potdevin et Hervé Puteaux. - Concernant la partie audit, nous constatons une évolution normative très poussée, notamment en raison des risques de fraude ou encore de cybercriminalité. En conséquence, nos normes vont évoluer de plus en plus, engendrant des règles de conformité (« compliance ») de plus en plus importantes que les entreprises vont devoir mettre en place. Je suis convaincu que notre profession restera un acteur privilégié de la conformité, mais ne sera pas l’interlocuteur unique. En effet, les services liés aux systèmes d’information et de technologie vont également être impliqués.

S’agissant de la partie qui n’est pas de l’audit, c’est-à-dire tout le reste de notre activité, la technologie va avoir un impact considérable car la comptabilité sera de plus en plus automatisée, nous enjoignant ainsi de trouver d’autres relais de croissance, ce que les membres de JPA International ont déjà mis en place depuis longtemps, en ajoutant à la prestation comptable des services de gestion (conseil en planification fiscale, en finance, ou en budget et reporting, par exemple).

Quid du développement du conseil patrimonial par les experts-comptables ?

Jacques Potdevin et Hervé Puteaux. - Un certain nombre de confrères se sont spécialisés en la matière, en réalisant des formations adéquates. En outre, certains d’entre eux établissent des partenariats avec les experts patrimoniaux de la place. Nous ne validons pas la pratique consistant à créer des filiales qui proposent des solutions d’investissement aux clients.

De nombreux petits cabinets sont rachetés par de grands groupe d’audit et d’expertise comptable. Pourquoi rejoindraient-ils plutôt votre réseau ?

Jacques Potdevin et Hervé Puteaux. - Nous sommes aujourd’hui confrontés à un mouvement de concentration, avec les grands groupes d’audit et d’expertise-comptable qui viennent courtiser les petits cabinets, et notamment dans l’ouest de la France. Ce que nous pourrions leur dire c’est que nous permettons à des cabinets indépendants de développer une clientèle d’entrepreneurs tournée vers l’international. Nous nous efforçons aussi d’intégrer au réseau des professionnels de qualité pour travailler sur le développement sectoriel. En outre, nous avons développé un savoir-faire permettant de faire travailler plusieurs cabinets ensemble sur un même projet. Notre offre permet en outre au cabinet de conserver son
indépendance.

Quels sont vos projets pour le réseau, et l’interprofessionnalité en fait-elle partie ?

Jacques Potdevin et Hervé Puteaux. - Nous comptons atteindre les 60 pays d’ici à la fin de l’année. Une implantation en Iran démontre également le dynamisme que nous souhaitons avoir. Concernant l’interprofessionnalité, nous avons parmi nos membres des cabinets d’avocats. Cependant, l’internalisation des profils tels que les avocats n’est pas la panacée. En effet, nous privilégions une coopération avec des structures externes et indépendantes plutôt qu’une internalisation qui pose la question du maintien de leurs compétences.