
My Private Banking Research juge sévèrement les stratégies internet des banques privées dans le monde
En 2010, Steffen Binder, directeur de la recherche de la société suisse, s’interrogeait sur l’avenir en ligne de la gestion privée. « Parlez d’internet à un banquier privé, il vous répond par un haussement d’épaules. Insistez, et vous entendrez que les clients fortunés sont trop conservateurs, trop prudents, trop âgés pour utiliser internet », déclarait-il. Donc conquérir et servir les clients par le biais d’internet n’avait rien d’une priorité pour les banques privées, si ce n’est pour une poignée restreinte d’esprits novateurs tels que la banque suisse Wegelin, aujourd’hui rachetée par Raiffeisen et opérant sous le nom de Notenstein Banque Privée qui avait créé en 2010 la banque privée en ligne Nettobank. En matière d’innovation digitale, le professionnel constatait que les initiatives restaient contenues, beaucoup de banques privées n’offrant même pas une plate-forme de transactions.
Ne pas tenir compte du changement technologique et culturel des clients constitue une grave erreur pour Steffen Binder. « Dans cinq ou dix ans, une nouvelle génération de clients prendra le pouvoir », notait-il.
Deux ans et demi plus tard, en octobre 2012, la même société analyse les sites internet de 40 grandes banques privées mondiales. Le constat reste le même : de gros progrès restent à faire. Pour elle, l’architecture des sites est complexe et la situation est d’autant plus problématique que la plupart des moteurs de recherche n’est pas efficace (20 % des banques privées analysées n’ont même pas de moteur de recherche).
Steffen Binder regrette également qu’un certain nombre de données jugées essentielles à la crédibilité de la banque fassent autant défaut. Aussi, les banques privées ne dévoilent pas systématiquement les informations concernant leurs performances, leurs coûts, les seuils d’éligibilité et même les actifs sous gestion, laissant les visiteurs livrés à eux-mêmes quant à leur recherche de renseignements. C’est pourtant, selon l’enquête, un moyen de conquête de nouveaux clients.
Par ailleurs, la plupart d’entre elles ne mettent pas en avant leur proposition de valeur, oublient de se différencier par rapport à leurs pairs et se perdent dans des généralités sur le métier.