Les banques font leurs cartons pour le Brexit

Jade Grandin de l'Eprevier, Agefi Quotidien
Sous la pression des clients et tandis que s’amenuise l’espoir de garder un passeport financier, les banques basées à Londres accélèrent leurs projets de déménagement.

Alors qu’hier, le responsable des négociations du Brexit Michel Barnier a écarté dans l’immédiat de négocier des accords de transition avec le Royaume-Uni, espoir qui était entretenu par les établissements financiers basés à Londres, ces derniers mettent en œuvre leur plan B.

Pour Standard Chartered, il s’agit de Francfort. La banque britannique spécialiste des marchés émergents va y créer une filiale pour obtenir une licence afin d’exercer dans l’Union européenne, a déclaré hier le président du groupe José Viñals, à l’occasion de l’assemblée générale à Londres. Selon le dirigeant, seulement quelques dizaines d’employés londoniens seront affectés par le déménagement, qui causera un «changement minimal» sur l’activité. La banque réalise la majorité de ses bénéfices en Asie, mais les écritures comptables de ses activités internationales sont faites depuis le siège londonien. Elle tire moins de 5% de son chiffre d’affaires d’Europe continentale. Francfort fut un choix «très naturel», a précisé José Viñals, puisque StanChart y a déjà un bureau et des employés. La banque y réalise ses opérations de compensation en euros.

De son côté, JPMorgan a choisi de s’ancrer à Dublin, Francfort et Luxembourg, qui abritent les sièges sociaux de ses filiales sur le continent. «Nous allons devoir faire déménager des centaines de salariés à court terme afin d’être prêts dès la fin des négociations et ensuite nous nous pencherons sur les nombres de long terme», a déclaré mardi soir à Bloomberg Daniel Pinto, responsable de la division de banque d’investissement. Avant le référendum de juin 2015, le PDG de la banque américaine Jamie Dimon avait dit aux employés britanniques que jusqu’à 4.000 d’entre eux pourraient être relocalisés en cas de Brexit. En janvier, il a précisé que ce nombre pourrait évoluer à la hausse comme à la baisse en fonction des négociations. «Nous devons nous préparer pour le cas où il n’y aurait pas d’accord sur le passeport britannique dans l'Union européenne, et nous devons déplacer une partie importante de nos opérations pour continuer de servir nos clients européens», a expliqué Daniel Pinto.

4.000 emplois londoniens relocalisés sur le continent, c’est aussi le chiffre évoqué la semaine dernière par Deutsche Bank. HSBC prévoit lui de déplacer 1.000 emplois à Paris, camp de base actuel de ses opérations en zone euro. Selon le think tank Bruegel, Londres pourrait perdre 10.000 emplois bancaires et 20.000 autres postes dans les services financiers à cause du Brexit. D’autres estimations vont de 4.000 à 232.000 emplois menacés.
D’après des juristes interrogés par le Financial Times, les établissements financiers accélèrent le déménagement de leurs employés sur le continent car les clients se font plus pressants pour savoir comment le Brexit affectera leurs prestations de services.

Francfort et Dublin ont la préférence des établissements. UBS a ainsi déclaré que sa filiale à Francfort lui servirait de base, tandis que Barclays a sous-entendu qu’il préférait Dublin. Goldman Sachs relocalisera à partir de 2018 des chargés de clientèle londoniens dans différentes villes dont Madrid, Milan et Paris. Selon une source proche citée par Bloomberg, la banque envisagerait de faire de Francfort sa base principale sur le continent. Morgan Stanley préférerait aussi Francfort. La banque Lloyd’s a elle opté pour Berlin.

Côté assureurs, AIG a choisi le Luxembourg et le Lloyd’s de Londres a préféré Bruxelles.