Interview de Frédéric Stolar, président d’Altaroc

« Le retail est l’avenir du private equity »

Frédéric Stolar, président d’Altaroc revient sur le lancement de son offre de private equity à destination des particuliers qui se veut unique en France

L’Agefi Actifs : - Pourquoi lancer Altaroc Aujourd’hui ?

Frédéric Stolar : - Je fais du private equity depuis plus de 30 ans en tant qu’investisseur professionnel [Frédéric Stolar a notamment lancé et dirigé le fonds Sagard pendant 19 ans, ndlr]. Mes clients ont toujours été des institutionnels ou des family offices très sophistiqués. Mais avec les fonds en euros qui ont désormais un rendement réel nul voir négatif et de l’immobilier qui ne rapporte que 2 % par an, c’est le moment pour offrir aux particuliers un accès à ce private equity d’exception. Cela fait 25 ans que je suis client de quatre banque privées, pas une seule d’entre elles ne m’a proposé une solution digne de ce nom.

 

Démocratiser l’accès du private equity aux épargnants n’a rien d’original…

(Il coupe) Je ne parle pas de private equity au rabais ! Le capital investissement est à la mode depuis quelques années et surtout quelques mois. Mais ce que vous trouvez aujourd’hui sur le marché à destination des particuliers est très loin des standards que peuvent obtenir les plus gros institutionnels de la Place. Ce que nous proposons chez Altaroc c’est de permettre à partir de 100.000 euros d’avoir accès à un portefeuille clef en main qui nécessiterait au moins 200 ou 300 millions d’euros pour le construire seul. Même avec ce genre de montants il n’est pas certain que vous puissiez rentrer dans les fonds que nous proposons !

 

Concrètement que proposez-vous ?

Chaque année, nous allons construire un produit qui contiendra entre quatre et six fonds de private equity mondiaux. En pratique, c’est donc un fonds de fonds millésimé qui prendra la forme d’un FPCI fiscal. Il fonctionnera par appels différés pendant cinq ans, soit, si vous engagez 100.000 euros, un tirage d’environ 20.000 euros par an. L’un de nos engagements est d’ailleurs d’assurer que la totalité de chaque investissement soit appelé en intégralité.

L’objectif sera de proposer les meilleurs gérants de l’année, avec une clôture à fin décembre. Nous ne nous positionnerons que sur du « growth » et du « buy out ». Nous serons également diversifiés au niveau géographique avec un objectif de 50 % sur l’Europe, 30 % sur les Etats-Unis et 20 % sur l’Asie et Israël. Nous ne sélectionnerons pas de fonds ayant moins de 25 ans d’historique et 15 % de TRI net sur chaque millésime.

 

Pourquoi avez-vous accès à ces fonds ?

Tout d’abord nous venons du métier et les fonds apprécient notre professionnalisme. Je suis un investisseur reconnu et Maurice Tchenio [le fondateur d’Apax et d’Altamir qui investit aux côtés d’Altaroc, ndlr], est l’un des pionniers du private equity européen. Il a un « pédigré » d’exception.

Ensuite, certains de ces fonds, souvent américains, n’ont jamais vraiment levé d’argent en France et souhaitent le faire. Altaroc leur permet de cocher cette case. Mais surtout, tous les grands patrons du private equity s’accordent aujourd’hui à dire que le retail est un marché d’avenir pour eux. Le problème est qu’ils ne savent pas l’adresser tant les contraintes de collecte, de régulation et d’administration sont complexes. Nous leur donnons cet accès et une seule tête avec qui traiter. Il serait faux de dire que la tâche a été facile mais nos débuts sont prometteurs.

 

Allez-vous distribuer vous-même vos produits ?

A la marge auprès d’amis et familles. Mais globalement, nos produits seront distribués par des CGP, des banques privées et des multi family offices. Sur le premier millésime nous avons une enveloppe limitée à 100 millions d’euros. Le millésime 2022 sera plus gros pour faire de la place à de nouveaux distributeurs. Altamir a pris 30 % du premier et investira de manière conséquente dans les deux suivants.

 

Ne craignez-vous pas que certains fonds prestigieux se mettent à accepter des plateformes proposant une offre similaire à la vôtre ?

Au contraire ! Quand ça arrivera, cela nous aidera. Il faut aujourd’hui déployer une énergie considérable pour convaincre distributeurs et assureurs que l’heure est venue de promouvoir activement le private equity. Quand les assureurs entendront plusieurs autres confrères leur vanter la nécessité et l’urgence d’équiper leur client en private equity, mon travail de conviction en sera d’autant facilité.