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« L’alternance est la voie royale pour entrer dans les différents métiers de la gestion du patrimoine »

La rédaction
L’entretien avec Claude Brenner, professeur agrégé à l’Université Paris II Panthéon-Assas, directeur du master 2 Gestion du patrimoine privé et professionnel
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L'Agefi Actifs. - Comment a évolué le marché de la formation en gestion de patrimoine ces dernières années ?

Claude Brenner. - L’offre de formation a considérablement augmenté, induisant par voie de conséquence une mise en concurrence accrue des différentes formations, dont certaines, visiblement, pâtissent. Les étudiants sont, fort heureusement, de plus en plus mobiles et ont tendance à multiplier à l’extrême les candidatures dans les différentes formations. Ceci est certainement révélateur de l’inquiétude ambiante des jeunes générations mais complique fortement la sélection des responsables de master.

Les filières proposées sont extrêmement hétérogènes, comment les différencier ?

- La distinction se fonde avant tout sur la pondération entre formation théorique et approches empiriques. Il existe encore des filières au sein desquelles un professionnel sert de caution pratique à une formation essentiellement académique et, inversement, des formations dans lesquelles l’enseignement de recettes présentes ou passées par des praticiens est censée tenir lieu aux étudiants de bagage pour l’avenir. La bonne formule est celle qui fait interagir les compétences et assure un va-et-vient constant de la théorie et la pratique.

Existe-t-il « un label qualité » pour aider les étudiants à choisir leur formation et constituer un vivier pour les recruteurs ?

- Un certain nombre de formations universitaires se sont regroupées sous le « Label FNDP » (Fédération nationale droit du patrimoine) pour attester d’un haut niveau de compétence en droit du patrimoine. Le master que je dirige a, jusqu’à présent, toujours décliné l’invitation à entrer dans ce cercle. D’une part, parce que j’ai le sentiment que les milieux professionnels sont les meilleurs juges de l’excellence effective et non pas simplement affichée des formations. D’autre part parce que j’ai la faiblesse de croire que l’université dans laquelle s’inscrit le master que je dirige atteste mieux que n’importe quelle étiquette notre attachement à une formation d’excellence. Les acteurs du secteur savent sélectionner les formations avec lesquelles ils souhaitent travailler, selon des critères qu’ils n’ont visiblement aucun mal à fixer. Les choses assurément sont moins évidentes pour les étudiants qui ne connaissent pas suffisamment les attentes véritables des professionnels. Si j’avais un conseil à leur donner, ce serait de s’intéresser de très près aux signes de pénétration dans les milieux professionnels des formations proposées.

Pensez-vous que les formations savent s’adapter aux mutations des métiers de la gestion de patrimoine ?

- Je le pense et l’effort de professionnalisation toujours plus grand des diplômes y est pour beaucoup. A ce titre, il me semble que l’alternance est la voie royale pour entrer dans les différents métiers de la gestion du patrimoine. Elle tient une place centrale dans la formation que je dirige : plébiscitée par les étudiants, elle est aussi très utile pour les employeurs qui s’associent ainsi les services d’étudiants motivés et les embauchent souvent à l’issue de leur stage. A ce sujet, les profils recherchés peuvent être assez différents en fonction des professionnels considérés. D’aucuns recrutent des spécialistes de haut niveau juridique tandis que d’autres sont visiblement plus intéressés par des profils commerciaux. Ce que les établissements ont intégré en cultivant une différenciation de plus en plus marquée entre les formations centrées sur les pratiques commerciales et celles davantage orientée vers l’ingénierie juridique et fiscale. Non pas que la polyvalence ne soit pas de mise – bien au contraire –, cependant la pratique a de plus en plus besoin de techniciens maîtrisant les fondamentaux du droit et de la fiscalité pour adapter son conseil à des réglementations versatiles et tatillonnes.

La certification AMF ou la compétence juridique appropriée (CJA) sont-elles plébiscitées par les professionnels ?

- Ces certifications sont assurément des atouts mais une fois encore, pour ce qu’en j’en vois, la sélection s’opère davantage sur la réputation acquise par la formation et, évidemment, les qualités propres du candidat que sur des labels ou des certifications qui sont au mieux des prérequis, au pire de simples étiquettes.