
La vigilance s’impose

D’ici à 2018, ce ne sont pas moins de quarante-trois heures de formation obligatoire que les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) devront suivre chaque année, parallèlement à leur activité. La formation concerne chacun des domaines couverts par la profession : sept heures par an pour les conseillers en investissement financier (CIF), quarante-deux heures tous les trois ans pour les professionnels de l’immobilier afin de renouveler leur carte transactionnelle, sept heures par an à compter de 2017 pour les intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement (IOBSP). Enfin, à compter de 2018, quinze heures seront imposées aux intermédiaires en assurance.

A ces heures dites « réglementaires », chaque organisation professionnelle ajoute son quota d’heures « associatives ». Actuellement, elles étudient, en collaboration avec l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), la possibilité d’uniformiser ce nombre d’heures. Cependant, le sujet demeure sensible, chaque organe professionnel tenant à conserver sa souveraineté en la matière.
Pourtant mise en avant par les formateurs comme étant un outil de valorisation de la profession, la norme ISO 22.222 peine à séduire. Depuis sa création en décembre 2005, l’Afnor ne recense qu’une dizaine de structures certifiées.
Pourtant, l’intention est louable puisque cette norme vise à structurer la profession de conseiller en gestion de patrimoine et d’accroître leur visibilité sur le marché. Elle définit la profession du CGP et son processus, et garantit que les prestations effectuées respectent un certain nombre de règles en termes de qualité, de transparence, de déontologie et de conformité réglementaire. Tous les conseillers, quel que soit leur statut, peuvent y prétendre sur la base d’une démarche volontaire.
Dans le détail, la norme est délivrée selon un référentiel de certification comportant sept points d’audit élaborés par les organismes certificateurs. C’est à partir de cette grille de lecture que chaque auditeur certifié rédige le rapport à remettre à la structure qui les mandate, seule décisionnaire dans l’attribution de cette norme.
Aujourd’hui, l’Afnor collabore avec l’Anacofi pour refondre l’actuelle norme 22.222. De nouveaux critères de certification devraient être déployés courant 2017 pour tenir compte de l’approche méthodologique promue par l’association professionnelle et des réalités de terrain. Cette nouvelle version suscitera peut-être un regain d’intérêt de la part des CGP qui, pour l’instant, ne voient pas (peut-être à raison) l’ISO 22.222 comme génératrice de flux de revenus supplémentaires.
Validation obligatoire.
Dans la plupart des chambres, les formations « associatives » sont déléguées à des organismes de formation agréés ou signataires d’un partenariat, dont les modules ont été préalablement validés pour pouvoir être inscrits sur les carnets de formation des conseillers. La sélection de ces partenaires est de plus en plus rigoureuse, certains syndicats ayant connu des déboires avec des formateurs utilisant des pratiques commerciales agressives et une communication ambigüe pour promouvoir des formations prétendument validantes.
La Compagnie des CGPI et l’Anacofi veulent à l’avenir affiner leur sélection et entrer dans une logique de labellisation en établissant des chartes de partenariat. D’ailleurs, face à une demande de formation grandissante, il y a un intérêt financier certain pour ces organisations à reprendre la main sur ce créneau.
Référencement des formateurs.
Ce besoin en formation continue, certaines structures de formation opérationnelle l’ont bien compris. La fièvre normative des instances nationales et communautaires rend le marché très porteur. L’enjeu pour ces sociétés est d’être référencées dans le catalogue des formations recommandées par les instances professionnelles. L’institut Juriscampus – triplement agréée par la CNCGP, la CNCIF et l’Anacofi – a su baliser le monde universitaire et professionnel de la gestion de patrimoine pour y imposer son modèle économique. Il apparaît comme l’un des acteurs majeurs de la formation des CGP, qui représentent, depuis l’origine de la structure, près de 70 % de la clientèle. Cet institut propose un large choix s’étendant de la simple formation thématique aux formations diplômantes pour accompagner les professionnels dans la consolidation et la mise à jour de leurs connaissances techniques et réglementaires.
Certaines sociétés tentent d’investir ce secteur, à l’image de Flornoy & Associés Formation dirigé Ravy Joseph. Reste à savoir si des établissements de ce type pourront disposer des moyens mis en œuvre par des concurrents de la taille de Juriscampus.
Des procédures dématérialisées.
Enfin, dans un autre genre, Finavéo, via son logiciel financier Upsidéo, a choisi d’aider la profession dans la formalisation de son obligation d’information et de transparence, laquelle est vécue au quotidien par les CGP comme une contrainte engendrant une surcharge de travail aux dépens de leur production commerciale. La société a développé des solutions réglementaires dématérialisées (recueil d’informations, cartographie des risques, lettres de missions) permettant de limiter le risque de non-conformité et assurant la sécurité des données par la voie de la signature électronique et l’archivage des documents chez un tiers certifié. Il en découle pour les professionnels un gain de productivité et une meilleure transposition des règlements.