La vague mondiale de cyberattaques risque de se prolonger

Yves-Marc Le Réour, Agefi Quotidien
Plus de 200.000 ordinateurs dans au moins 150 pays ont été affectés par un "rançongiciel". Telefonica, la Deutsche Bahn ou Renault font partie des victimes.

La cyberattaque ayant affecté vendredi plus de 200.000 ordinateurs dans au moins 150 pays était d’une telle ampleur qu’elle a suscité samedi une réaction des ministres des Finances des pays membres du G7. «Nous reconnaissons que les cyber incidents représentent une menace croissante pour nos économies et qu'une politique de réponses appropriées pour l'ensemble de l'économie est nécessaire», indique le communiqué final conjoint des ministres réunis à Bari en Italie. Ces attaques sans précédent ont touché des services publics et de nombreuses entreprises comme Telefonica en Espagne, la Deutsche Bahn, la Sécurité Sociale britannique (National Health Service) ou le français Renault.

Le constructeur automobile, qui avait suspendu samedi par précaution la production de plusieurs sites pour empêcher la propagation de ce virus appelé «WannaCry», a fait savoir hier que la quasi-totalité de ses usines touchées par les attaques devraient pouvoir reprendre leur activité. Sa filiale roumaine Dacia a également été visée, tout comme l'usine britannique de Sunderland de son partenaire japonais Nissan. En France, une enquête a été ouverte et confiée par le parquet de Paris à l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication.

Ce type de virus, appelé «ransomware» ou «rançongiciel», crypte les données de fichiers informatiques et exige des sommes d'argent, généralement entre 300 et 600 dollars, payables en bitcoins, pour débloquer certaines fonctionnalités de l'ordinateur infecté. Il a tiré parti d’une faille dans le système d’exploitation Windows de Microsoft. Selon Marin Ivezic, expert en cybersécurité chez PwC, certains clients ont «travaillé jour et nuit depuis l'annonce de l'attaque» afin d'installer des logiciels actualisés ou de réparer leurs systèmes à partir de sauvegardes.

Après une accalmie, Rob Wainwright, directeur d'Europol, l'organisme européen de coopération policière, craignait hier des difficultés supplémentaires avec la remise en route des ordinateurs, particulièrement dans les pays asiatiques. «A l'heure actuelle, nous devons affronter une escalade de la menace. Les chiffres augmentent, je suis préoccupé devant le risque de les voir encore augmenter, lundi, lorsque les gens retourneront au travail», a déclaré ce responsable.