
La reprise de Fiducée Gestion Privée s’effectue dans un cadre conflictuel
L’idée de constituer un réseau patrimonial sur un segment de clientèle bien ciblé était séduisante, la promesse de développer le carnet d’adresses des conseillers était attractive, le fait d’être adossé à plusieurs actionnaires institutionnels était sécurisant. Et cependant, la franchise Fiducée Gestion Privée n’a pas tenu le choc.
Un concept original.
Créée en 2008 par la société Caducée Patrimoine, Fiducée Gestion Privée comptait alors à son tour de table Cardif et Allianz, puis le Groupe Pasteur Mutualité en 2011. Spécialisée sur la gestion du patrimoine des professions médicales, la franchise s'engageait à fournir 600 rendez-vous prospects sur sept ans à ses membres en contrepartie de royalties équivalentes à 15 % du chiffre d'affaires retraité net versées. A noter que les franchisés percevaient directement les commissions des fournisseurs et reversaient ces royalties au franchiseur, ce dernier n’agissant pas dans un cadre de co-courtage. Une exclusivité territoriale était par ailleurs concédée aux cabinets membres.
Il y a tout juste un an, alors qu’elle venait d’annoncer la conclusion d’un partenariat national avec le réseau santé de KPMG, l’un de ses fondateurs affirmait encore que son équilibre serait atteint fin 2013.
Redressement judiciaire.
A défaut d’équilibre, la structure a constaté un passif de 3 millions d’euros et a été placée en redressement judiciaire. Les conjectures vont bon train sur la Place : conjoncture morose ayant ralenti le plan de développement, mauvais calibrage des investissements à réaliser, divergences avec l’un des actionnaires sur la gestion de la société ou tout simplement échec d’un projet entrepreneurial comme cela existe dans tous les secteurs d’activité... Reste que la procédure de redressement est intervenue dans un cadre conflictuel entre actionnaires avec le groupe Pasteur Mutualité. Ce différend sera tranché par la justice, saisie par le franchiseur.
Plusieurs contentieux en cours.
Le 2 août 2013, la cession de la franchise Fiducée Gestion Privée et de la filiale informatique aux groupes Amilton et H2O Participations, pour 26.000 euros avec la reprise de 6 salariés sur 10, a été ordonnée par le tribunal de Chartres. Ce jugement s’accompagne de la reprise forcée des contrats de franchise, à la demande des acquéreurs, reprise qui est aujourd’hui contestée par une majorité de franchisés. Une vingtaine d’entre eux sur les 37 ont fait appel de la décision. Ces franchisés revendiquent leur indépendance et ne souhaitent pas être affiliés à un fournisseur. Selon leur avocat, Maître Iovacelli, « le tribunal ne pouvait pas passer outre le désaccord des franchisés pour ordonner la reprise des contrats dans la mesure où il s’agit de contrats intuitu personae et la clause du contrat de franchise sur laquelle se sont fondés les juges est nulle car non réciproque ».
Quelle avenir pour la franchise patrimoniale ?
H2O Participations a entamé des entretiens avec les franchisés afin de leur expliquer l’intérêt qu’ils ont à travailler ensemble compte tenu de leur historique. « Fiducée Gestion Privée était un client auprès duquel nous étions commercialement très impliqués. Nous lui avons fourni le moteur de recherche de la plate-forme immobilière fidimmo.net qu’elle avait développée et avons conçu pour elle une gamme de fonds multigestionnaires – la gamme Ekité –, dont une partie des frais de gestion est reversée à un fonds de dotation soutenant des associations en lien avec la médecine, la petite enfance ou le développement économique des pays du tiers-monde. Nous avons aussi proposé la franchise à nos clients », explique le gérant de H2O Participations, Jean-Baptiste Lacoste. H2O Participations et Amilton ont communiqué sur leur intention de constituer une société commune pour détenir la franchise rachetée. Amilton ne souhaite pas, pour l’heure, apporter de compléments d’information sur l’opération. De son côté, H2O Participations affirme qu’elle veut « poursuivre et renforcer le modèle de prise de rendez-vous ».
Au regard des démêlés judiciaires et de l’absence de définition de stratégie commune, il est un peu tôt pour se prononcer sur la pérennité de l’activité. Voilà qui ne va pas rassurer le marché sur l’adéquation du concept de franchise avec le modèle de développement de la gestion de patrimoine. Il y a un peu plus d’un an, Advisiale ne cessait-elle pas aussi son activité pour passer dans le giron de Primonial ?