
La Chambre des indépendants dévoile son plan stratégique
Six mois après son élection, Thierry Moreau, président de la Chambre des indépendants du patrimoine (CIP), nous dévoile le plan stratégique 2014-2016. Conforme à son programme électoral, la feuille de route de la CIP comprend quatre axes forts qui visent globalement à conforter l’avenir des conseils en gestion de patrimoine.
Accompagner les CGPI.
Dans la continuité de son prédécesseur, la Chambre poursuit son action de lobbying afin de défendre le métier des CGPI, remis en cause par les projets de directives MIF II et DIA II. « Nous rencontrons un certain nombre de députés européens et avons également des réunions à Bruxelles. Il est toujours aussi difficile de préjuger des orientations prises par le trilogue et de la latitude qui sera laissée aux Etats membres dans sa transposition. »
La Chambre est toujours convaincue que le gros du travail se fera en France lors de la transposition de ces textes. « Notre rôle est évidemment politique au niveau de Bercy, des régulateurs et de nos députés. Nous avons un bon écho de ces derniers sur l'intérêt de notre modèle économique et sa compatibilité avec la protection des épargnants. Les grands perdants de la RDR (Retail Distribution Review) sont les épargnants. En effet, les IFA de petite taille, s’occupant de clients au patrimoine plus modeste, n’ont pas survécu à cette réforme. »
Reconnaissance du métier.
Deuxième axe de son plan stratégique, la reconnaissance du métier auprès des pouvoirs publics et des épargnants. Loin de lui l’idée de créer un ordre auquel il ne croit plus. Thierry Moreau estime qu’« il est toujours aussi nécessaire de faire connaître notre métier, tant auprès de Bercy que des épargnants, et de trouver les qualificatifs justes pour définir le conseil en gestion de patrimoine et sortir des clichés du chef d'orchestre, du médecin ou de l'architecte du patrimoine qui ne veulent rien dire et qui sont simplistes ».
La CIP, comme ses consœurs, est en train d’établir des statistiques sur la profession, tous statuts confondus, afin de répondre à une demande faite en ce sens par Bercy. Ces données comprennent notamment le chiffre d’affaires moyen des cabinets, la nature et le portefeuille des clients, la durée moyenne de la relation, les solutions mises en place, la part de la défiscalisation. A ce jour, seule l’AMF le demandait pour le statut de CIF, loin de représenter l’intégralité de l'activité des CGPI. Cette démarche, qui peut paraître tardive, devrait permettre de donner un bon éclairage du métier et conduire les pouvoirs publics à légiférer en connaissance de cause lors de la transposition de la directive MIF II.
Mise en conformité.
A plus court terme et sans attendre les prochaines évolutions réglementaires, la CIP s’est fixé comme objectif une mise en conformité de l’ensemble des cabinets à leurs obligations réglementaires : « Nous ne pouvons pas passer notre temps à aller voir nos clients en étant anxieux sur l'évolution de notre modèle économique, en se demandant si demain on doit mettre la clé sous la porte à la suite d'un contrôle non conforme. Il y a des priorités, dont celle de vérifier qu’on exerce ce métier dans les normes. »
Thierry Moreau est convaincu que ces contraintes doivent être un levier : « La mise en conformité est un gage de confiance vis-à-vis de la clientèle. » Il constate que les cabinets doivent nécessairement opérer une certaine industrialisation de leurs procédures. « Ce n'est pas forcément évident pour les professionnels dans la mesure où ils n'ont pas été habitués à travailler comme une société de gestion, sans compter que notre profession est encerclée par un mille-feuille législatif. » Son rôle sera donc de les accompagner dans ce cheminement. La CIP a ainsi créé le kit réglementaire à destination de ses adhérents afin qu'ils sachent pour chaque opération de quelle législation ils dépendent. « Nous mettons à la disposition de nos adhérents un RCCI (responsable conformité et contrôle interne) pour ceux qui veulent se mettre en conformité et vérifier leur process de production », précise-t-il.
C’est également à travers le contrôle de ses membres, au nombre de 270 annuellement, que la CIP souhaite assurer la pérennité des cabinets. « Nous avons modifié notre grille de supervision pour nous rapprocher le plus possible de ce que serait un contrôle du pôle commun, tout en préservant son côté pédagogique. » Contrairement à son prédécesseur, Thierry Moreau n’est pas opposé à la délégation des contrôles de l’Autorité des marchés financiers (AMF) mais souhaite en connaître les contours avant d’accepter. A ce sujet, le contrôle de la CIP par le régulateur a pris fin en 2012 et très peu de griefs lui auraient été reprochés, mais elle attend toujours les suites de celui-ci. Un chantier qui prend du temps…
Des formations ciblées.
La formation est aussi une priorité de la chambre. Elle a exclu sept cabinets pour absence de formation en 2013. « Nous ne pouvons pas nous permettre de garder des professionnels qui refusent de faire les formations par manque de temps au risque de fragiliser l'ensemble de la profession et l'image de la CIP. » Elle envisage de mettre l'accent sur la formation des pôles administratifs des cabinets, estimant que « c'est un gage de productivité d'avoir un back-office formé notamment aux questions de fiscalité et/ou de réglementation ». Par ailleurs, il est temps, selon la CIP, que les associations reconnaissent le même nombre d’heures aux formations dispensées lors de manifestations.
Recrutement de jeunes cabinets.
Le recrutement de jeunes adhérents est, conformément au programme de son président, un axe de développement de la CIP, et ce d’autant plus qu’elle a souffert d’une certaine désaffection. « Les jeunes adhérents sont les repreneurs de demain », souligne son président. La transmission des cabinets doit se préparer et s’il existe déjà une interface, la Chambre veut aller plus loin en organisant des rencontres en régions. « Nous allons sélectionner des partenaires pour évaluer les cabinets et les aider à céder leur entreprise. Cela fait partie des services offerts aux membres de l'association. »
Quant à une défense des intérêts de la profession à l’unisson avec les autres associations de CGPI, Thierry Moreau estime qu’il est bon d’avoir une position commune mais qu’il n’est pas nécessaire de la faire savoir d’une seule voix, rappelant que la CIP avait postulé en son temps pour l’existence de deux associations de CIF. Il s’en défend : « Il est nécessaire qu'une certaine homogénéité du métier existe. Nous n'avons pas vocation à accueillir par exemple les professionnels du conseil en haut de bilan et ne sommes pas pour une fédération des associations. » Ainsi, la CIP n’est pas favorable à l’intégration des professionnels qui adopteront prochainement le statut de conseil en investissement participatif.