
La Banque Postale cible la clientèle rentable de HSBC France

Auditionné ce 4 mars par la commission des Finances du Sénat, Rémy Weber, président du directoire de la Banque Postale a salué « un jour historique » pour le groupe qui est devenu officiellement actionnaire de 62,1% du capital de CNP Assurances dans la journée d'hier, constituant « un grand groupe de bancassurance public ».
Avec un important apport de fonds propres (passant de 11,7 à 18,9 milliards d’euros), le groupe a les moyens de réaliser des acquisitions, à commencer par le dossier HSBC France. La partie de banque de détail intéresse la Banque Postale. « Au titre de nos activités pour la clientèle bancaire fragile, nous démarrons chaque année avec un coût de 300 millions d’euros. Nous voulons rattraper ce déficit en allant chercher des segments de clientèles rentables. Il n’y a pas de paradoxe. Si on ne fait pas l’un, on ne peut pas faire l’autre, c’est à dire poursuivre notre mission d’accessibilité bancaire », explique le président aux sénateurs. La Banque Postale ne regardera que le périmètre d’HSBC qui l’intéresse et qui n’est pas celui présenté à la vente actuellement. La Banque Postale veut se diversifier sur le marché des personnes morales et la clientèle patrimoniale.
Plus largement, la Banque Postale cherche à développer ses activités en banque et assurance dommages en France et à l’étranger. « Il nous faut chercher partout de la rentabilité complémentaire à CNP Assurances à un moment de taux bas difficile pour une banque comme la nôtre encore peu diversifiée et très présente sur le marché des particuliers », souligne Rémy Weber. Il apprécie le succès de « My French Bank » fort de 150.000 clients gagnés en 6 à 7 mois avec 100 millions d’euros investis. La banque espère atteindre 1,2 million de client pour 2025. « La clientèle de la Banque Postale est vieillissante, il nous faut attirer les jeunes qui ne se rendent pas dans les points de contact de La Poste », explique Rémy Weber.
Mission d'accessibilité bancaire. Le président du directoire a rappelé que son groupe comptait 1,6 million de clients fragiles soit la moitié de cette clientèle en France. Le plafonnement des incidents bancaire (20 à 25 euros par mois) pour cette clientèle représente un coût net de 250 à 300 millions d’euros. A ce public fragile s’ajoutent les clients les plus démunis (demandeurs d’asiles, SDF, personnes sans revenus…), « une partie de la misère de notre pays », soit 1,5 million de clients. « La mission d’accessibilité bancaire est un des pivots de notre raison d’être. Nous serons bientôt une entreprise à mission », indique Rémy Weber.
Si des économies sont envisagées, la Banque Postale ne compte pas réduire son réseau de 17.000 agences. « Avec la Caisse des Dépôts, notre mission est de nous battre contre fracture territoriale », affirme Rémy Weber. La Banque Postale qui souffre d’un coefficient d’exploitation élevé (ratio charges sur revenus) profite de son rapprochement avec CNP Assurances pour le baisser de 20 points à 62-63%.
Enfin, le président du directoire se réjouit d’une très bonne année pour le financement des collectivités locales (28-29% de part de marché) avec plus 5 milliards d’euros de crédit octroyés dont la moitié est destinée aux communes de moins de 5.000 habitants qui font souvent face à des difficultés de financement. Le groupe est aussi le premier banquier de l’hôpital public avec plus de 500 millions d’euros accordés en 2019.