
« Faire reconnaître la valeur ajoutée de notre métier »

L’Agefi Actifs. - Votre récente prise de fonctions débute par une revendication forte : vous demandez l’abrogation de l’article 68 de la loi de finances pour 2018 sur le plafonnement des honoraires des professionnels en défiscalisation. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Jean-Marc Torrollion. - Nous avons été très surpris par cette mesure. La FNAIM n’a été informée que le 18 décembre dernier, et n’a pas eu le temps de se retourner. D’autant que le Conseil national de la transaction et de la gestion immobilières aurait dû être consulté, ce type de mesures entrant dans son champ de compétence. On est en pleine réflexion pour déposer une question prioritaire de constitutionnalité contre cette mesure. Cette décision nous étonne car l’Etat ne protège pas le consommateur mais réglemente un rapport économique entre deux professionnels : le promoteur et l’intermédiaire en défiscalisation. Certes, il peut y avoir des dérives au niveau des prix de ce dernier, mais le promoteur n’est pas obligé de les suivre ! Il est en tout cas souhaitable que l’Etat cesse cet interventionnisme dans une situation concurrentielle.
Où en est la FNAIM sur sa proposition phare, l’instauration d’un statut du bailleur privé ?
Nous avons eu une fenêtre de tir : la conférence de consensus sur le logement (préambule à la future loi logement, ndlr), à l’occasion de laquelle nous avons remis sur le tapis la reconnaissance du statut fiscal du bailleur privé. Nous proposons dans ce cadre l’affectation d’un patrimoine locatif avec un mécanisme d’amortissement, allant de 4 à 6 % en fonction du niveau de loyer consenti. Sera-t-on écoutés ? Nous verrons. Mais l’idée sous-jacente, c’est de parvenir à faire reconnaître le bailleur comme un acteur au rôle économique important.
Mais êtes-vous présents aussi sur les autres mesures que prépare l’exécutif sur le front de l’immobilier ?
Oui, notre domaine de vigilance porte sur le projet de bail mobilité, et notamment le terme de ce contrat. On pouvait plutôt imaginer un bail unique, « à tiroirs » pour s’adapter à chaque situation. Pour ce qui est du futur bail numérique, nous ne souhaitons pas donner de données sur nos clients sans leur accord. Nous sommes toutefois favorables à mettre un terme à la mention manuscrite dans l’acte de cautionnement, afin de simplifier le dispositif. Nous émettons également diverses propositions de « rééquilibrage », comme une clause pénale forfaitaire, ou la suppression des contraintes liées à la libération des lieux. Mais nous sommes également attentifs à la possibilité de légiférer par ordonnances dans le domaine des copropriétés, à laquelle nous voulons être associés. Nous souhaitons par ailleurs l’instauration d’un titre d’agent immobilier pour distinguer notre activité de celle des mandataires ou des notaires.
Votre activité est en tout cas de plus en plus reconnue, indique un sondage Ifop/Opinion System qui vous donne 7 sur 10 en terme de « satisfaction globale » clients.
On s’aperçoit en effet que c’est un métier qui plaît, même si on associe trop souvent agent immobilier et richesse. Or nous faisons avant tout un métier « normal », et c’est cette image qu’il faut véhiculer. Ce qui intéresse en premier lieu dans la profession, c’est la vente, car le produit est intéressant en lui-même. Il a une valeur tangible, affective, outre son rendement. Mais je considère aussi que syndic est un métier d’avenir, et où il y a aussi un très fort lien patrimonial à cultiver avec les clients.
Quels seront les principaux chantiers de votre mandat ?
La formation, avec l’Ecole supérieure de l’immobilier, qu’il faut encore développer. L’enjeu c’est de faire reconnaître la valeur ajoutée de notre métier, et nous devons en être le moteur. Notre syndicat doit veiller à ce que la profession puisse s’adapter. Mais nous devons aussi être en constante réflexion et avoir une production intellectuelle de qualité pour influencer les politiques qui vont être menées dans l’immobilier.