
BNP Paribas AM mise sur l’humain augmenté

Le message est passé. Personne ne revendique réellement la paternité de l’expression, mais tous l’utilisent chez MAQS (multi-actifs, quantitatif et solutions), l’unité créée en novembre 2017 de BNP Paribas Asset Management, fruit du regroupement des équipes de Theam, CamGestion et Multi asset : la gestion n’est plus aujourd’hui seulement quantitative ou fondamentale, mais « quantamentale ». Ce néologisme est entré, en interne, dans le langage courant.
Intelligence non artificielle. Denis Panel, qui a pris les rênes de ce nouveau pôle - il dirigeait auparavant Theam - est d’ailleurs le premier ambassadeur de ce concept qui constitue, selon lui, « l’avenir de la gestion d’actifs, car elle ajoute de la valeur pour l’investisseur ». Comme son nom l’indique, la gestion « quantamentale » mêle à la fois des modes de gestion traditionnels, qui s’appuient sur une analyse fondamentale des marchés ou des instruments financiers utilisés, et sur des outils quantitatifs. « La machine et l’humain ne sont pas concurrents, estime Denis Panel, mais complémentaires. L’humain est très bon pour effectuer des sélections de titres ou de stratégies dans un univers limité, ou réagir très rapidement à des changements d’environnement, tandis que l’utilisation d’outils quantitatifs se révèle indispensable pour traiter efficacement des informations dans un univers très large ».
Le gestionnaire veut toutefois se démarquer des sociétés qui pourraient mettre en avant l’intelligence artificielle dans leur processus de gestion. D’ailleurs, lorsque lui est posé la question de savoir si la gestion quantitative qu’il utilise ne s’apparente pas à de l’intelligence artificielle, sa réponse ne se fait pas attendre : « nous sommes réservés sur les modèles d’IA ayant pour vocation de gérer eux-mêmes les portefeuilles car nous ne pensons pas qu’ils produisent réellement de l’alpha », explique-t-il. Un point de vue qui pourrait paraître iconoclaste, alors que l’intelligence artificielle nourrit aujourd’hui tous les fantasmes, mais il est vrai qu’aucune machine n’a trouvé la martingale sur les marchés ! « Pourtant, continue le professionnel, nous sommes très attentifs à l’innovation, et très intéressés par l’intégration de nouvelles données venant de fournisseurs externes au groupe ou provenant de nos équipes internes ». Pour Denis Panel, « cela ne veut pas dire que l’intelligence artificielle est inutile, mais force est de constater que sans l’humain, elle n’est pas efficace ».
Un pôle à part. MAQS, avec ses nombreux ingénieurs, ses équipes ayant pour la plupart des CV bien remplis, que ce soit sur le plan académique ou par leurs expériences professionnelles poussées, et l’utilisation intensive du travail des pôles de recherche du reste du groupe, reste un peu à part dans la société de gestion. Aujourd’hui, MAQS compte 127 milliards d’euros sous gestion et affiche une collecte nette de 3,5 milliards d’euros en 2018 (principalement sur les ETF), alors que la même année, la société de gestion dans son ensemble, qui gère aujourd’hui 421 milliards d’euros, avait connu une décollecte de 8,7 milliards d’euros.
Le pôle s’inscrit aux côtés de ceux de gestion fondamentale action, de gestion obligataire et celui de dette privée et actifs réels du groupe. Et s’il ne compte que 144 personnes sur les 700 employés que revendique le gestionnaire dans le monde, les investissements de ces dernières années semblent montrer que BNPP AM a bien décidé à continuer d’investir sur cette gestion « quantamentale ». Cela peut se comprendre car, comme l’explique Denis Panel, « les gestions et services de MAQS, grâce à leur spécificité et aux infrastructures techniques, peuvent d’ores et déjà facilement absorber une croissance très importante des actifs sans qu’il soit nécessaire d’opérer de changement important dans notre organisation ». En clair, même si les frais de gestion sur certaines expertises de MAQS sont inférieurs à ceux de la gestion purement fondamentale, les économies d’échelle sont immédiates, ce qui justifie bien quelques efforts d’investissement au départ.