Avocats

AGN Avocats, des agences en guise de cabinets

La structure, née en 2012, a créé une franchise d’agences d’avocats, et compte aujourd’hui une douzaine de boutiques
Ses fondateurs militent pour permettre aux entreprises d’avocats de se développer sans contraintes, dans le respect de leur déontologie
DR, Frédéric Moréas et Philippe Charles, avocats, cofondateurs, AGN Avocats

Les avocats, à l’instar des notaires (p. 8), se trouvent aujourd’hui confrontés aux importantes mutations qui affectent le marché du service juridique. En conséquence, l’innovation - technologique, économique, managériale, et en matière de communication - est de mise (lire L’Agefi Actifs n°682 p.8). Fort de ce constat, certains professionnels font bouger les lignes, tel AGN Avocats, fondé en 2012 par Frédéric Moréas et Philippe Charles, deux avocats également formés par l’école de commerce HEC. Relevant une méconnaissance par le public des services délivrés par l’avocat, ils ont souhaité rendre ce métier plus accessible en créant des agences ouvertes sur la rue, avec une vitrine. « L’avocat est mis sur le même rang d’accessibilité que l’agent immobilier ou le banquier », expliquent Frédéric Moréas et Philippe Charles.

Pour une levée des freins à l’entrepreneuriat des avocats.

Lors de la création d’AGN Avocats, Frédéric Moréas et Philippe Charles ont cependant été confrontés à de nombreuses barrières : « A titre d’illustration, les capitaux des avocats ne sont pas ouverts à l’extérieur. En outre, en 2012, il ne nous était pas possible de faire de la publicité, ni de créer une filiale. » AGN Avocats lutte, en parallèle de son aventure entrepreneuriale, pour une faire évoluer les règles et usages de la profession et permettre aux « entreprises d’avocats » de se développer. Elle a notamment fait valider le concept d’agence d’avocats par le barreau de Paris, et a obtenu devant le Conseil d’Etat fin 2015 l’annulation de l’interdiction faite aux avocats de diffuser de la publicité par voie de tracts, affiches, films, radio ou télévision. « Dans le cadre de la loi Macron, nous avons fait des propositions qui ont été retenues, à savoir la possibilité pour un avocat de créer des filiales et la libre implantation des avocats sur le territoire. C’est-à-dire qu’il suffit désormais d’un mois au lieu de trois pour obtenir l’autorisation de s’implanter ailleurs », font observer Frédéric Moréas et Philippe Charles.

Une levée de fonds d’un million d’euros.

Enfin, profitant d’une faculté offerte par la loi Macron, la structure a levé des fonds pour un million d’euros auprès d’avocats et de notaires en février 2016. « Cependant, l’ouverture aux capitaux extérieurs reste encore à obtenir. Cette situation crée une distorsion de concurrence défavorable aux avocats, en comparaison des legal tech et des experts-comptables ou même des cabinets étrangers. Nous allons effectuer une demande d’avis à l’Autorité de la concurrence et déposer plainte auprès de la Commission européenne », indique Philippe Charles. A noter qu’une tendance progressiste de la profession fait cependant entendre sa voix. Tel fut le cas du rapport de la commission Prospective du Conseil national des Barreaux du 12 mai 2017 de Delphine Gallin et Louis Degos.

Une franchise.

S’agissant du modèle proposé par AGN Avocats, il s’agit d’une franchise offrant à ses contractants de créer leur boutique d’avocats. « L’acceptation d’un candidat est sélective. Ce dernier doit être en accord avec notre vision du métier, à savoir un prestataire de services - donc un acteur économique - avec une déontologie. En outre, les pôles d’expertises sont ciblés, tels que le droit du travail, le droit de la famille, le droit du licenciement, le droit fiscal, ou encore la cession de société », exposent Frédéric Moréas et Philippe Charles. Comptant aujourd’hui 12 agences, la structure a l’intention d’accélérer le rythme des créations d’agences afin d’en inaugurer une tous les deux mois. « Le modèle fonctionne particulièrement bien pour les personnes qui ont envion 4 ans d’ancienneté et qui veulent se lancer », mettent en avant Frédéric Moréas et Philippe Charles. Les prix sont forfaitairement et librement déterminés. Seule la façon d’aborder la question des prix est homogène. 

 

(1) Lire L’Agefi Actifs n°669 p.20