Présidentielle 2022

Macron/Le Pen : le récap' des propositions

Accession à la propriété, rénovation énergétique, successions... L'Agefi Actifs vous propose une synthèse des mesures proposées par les deux candidats aux portes du second tour.

Après un débat d'entre-deux-tours remporté par Emmanuel Macron de l'avis des commentateurs et soporifique de l'avis des Français - signant la plus faible audience de l'histoire des duels du deuxième tour - le temps est venu de faire les comptes. Pour choisir le bon bulletin à glisser dans l'urne, petit récapitulatif des propositions des candidats les plus à même d'intéresser les lecteurs de L'Agefi Actifs. 

Accession immobilière

Marine Le Pen veut accorder aux couples de moins de 30 ans dont l'un des deux membres est français un prêt public à taux zéro sur dix ans de 100.000 euros au maximum. Celui-ci viendrait en complément d'un prêt classique. Le capital restant dû se verrait transformé en don à la naissance du troisième enfant. 
Les logements sociaux et étudiants seraient prioritairement attribués aux Français. 

Du côté de LaRem, on assume ne pas être en faveur «de la propriété pour tous» mais plutôt pour un accès renforcé au logement. Pas d'objectif chiffré du côté des logements neufs pour desserrer l'étau autour de la demande, mais la volonté de confier aux intercommunalité une compétence renforcée pour les autorisations de construire. «Les maires [...] en raison de multiples contraintes, ne délivrent pas assez de permis de construire», avait indiqué au Monde Xavier Lépine, conseiller logement de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron. 

Autre mesure, créer une caution publique pour prendre en charge les impayés de loyer afin de dispenser de garant les locataires du parc privé. 

Rénovation énergétique 

Emmanuel Macron veut poursuivre sur sa lancée s'il est réélu, en continuant d'accorder annuellement deux milliards d'euros à MaPrimRénov', répartis entre 700.000 logements. Depuis le 15 avril et dans le cadre du plan de résilience, l'aide a été revalorisée de 1.000 euros pour l'installation d'un système de chauffage qui permet de sortir du gaz ou du fioul.

Marine Le Pen compte de son côté réallouer 25 milliards d'euros prévus pour le développement de l'éolien en mer à des subventions pour le remplacement des chaudières au fioul. La candidate propose aussi de créer un produit d'épargne «Logement vert» pour financer la rénovation au moment de l'achat d'un logement. 

Transmissions 

Marine Le Pen comme Emmanuel Macron s'inscrivent à contre-courant des différents rapports économiques produits sur le sujet - OCDE, France Stratégie, CAE... - qui demandaient la suppression des niches fiscales et une refonte de cette fiscalité. 

Avec Marine Le Pen, les donations bénéficieront d'un abattement de 100.000 euros tous les 10 ans contre 15 aujourd'hui, de parents et grands-parents à enfants et petits-enfants. Les biens immobiliers sortiront de l'assiette des droits de mutation à titre gratuit (DMTG) jusqu'à 300.000 euros. 

Avec Emmanuel Macron, l'abattement sur les successions en ligne directe sera réhaussé de 100.000 à 150.000 euros par bénéficiaire. Celui sur certaines successions en ligne indirecte, qui confine aujourd'hui souvent à l'inexistant, se verra relevé à 100.000 euros. Seront concernés les petits-enfants, neveux ou nièce, frères ou soeurs. Les enfants du conjoint non adoptés seront assimilés aux enfants biologiques pour le calcul des DMTG. 

Imposition  

Emmanuel Macron veut étendre la déclaration commune d'imposition aux couples vivant en concubinage. Actuellement, il faut obtenir un certificat de vie commune délivré en mairie pour être concubins notoires. La promesse n'est pas chiffrée. 

Marine Le Pen propose une demi part complète dès le premier enfant et de rétablir pour les veufs/veuves celle supprimée en 2014. Au deuxième enfant, ce serait donc une part fiscale pleine contre une demi-part actuellement. La perte de recettes fiscales serait compensée grâce à la création d'un «ministère de la fraude» ou en réservant certaines aides aux Français, dans la logique de «priorité nationale» de la candidate. 

La candidate RN veut supprimer l'impôt sur le revenu pour les jeunes de moins de 30 ans et remplacer l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) par un impôt sur la fortune financière. Accusant le président sortant de «taxer l'enracinement» en faisant peser cet impôt sur les classes moyennes dont le patrimoine immobilier s'est valorisé, elle veut en exonérer la résidence principale (mais pas les autres propriétés). 

Jordan Bardella, président du RN, a dit à France info le 19 avril compter garder le «même taux, sauf qu’on va évidemment taxer la spéculation, ou les œuvres d’art qui sont détenues depuis dix ans, ou l’immobilier de rapport.» En contradiction avec ce qui avait été annoncé par Marine Le Pen lors du congrès de la Fnaim début décembre. 

Emmanuel Macron s'est prononcé pour le statut quo concernant l'IFI, annonçant ne pas envisager à ce stade de nouveaux abattements ou de nouvelles exonérations. 

Retraites 

C'est la grande inflexion de la campagne d'Emmanuel Macron, qui, dans une tentative de séduire l'électorat de gauche, s'est dit prêt à ramener l'âge légal de départ à 64 ans, contre 65 ans annoncés initialement. Le report à 64 ans serait effectué de façon progressive, en retardant de quatre mois par génération jusqu'en 2027. A l'inverse de la candidate RN, Emmanuel Macron veut supprimer les régimes spéciaux selon le principe de la clause du grand-père, c'est à dire pour les nouveaux entrants. 

Marine Le Pen, sans bousculer le système actuel, veut elle rétablir la retraite à 60 ans pour les personnes entrées dans la vie active avant l'âge de 20 ans. Pour les autres (entre 20 et 24,5 ans), elle mise sur un système progressif, de 160 à 168 trimestres de cotisations, pour un âge de départ compris entre 60,75 ans et 62 ans. La candidate veut mettre fin au compte professionnel de prévention, considérant que sa réforme sur l'âge d'entrée dans la vie active prendrait en compte ceux qui exercent des métiers pénibles. 

Handicap 

Marine Le Pen est favorable à la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé (AAH), afin que son montant ne soit plus calculé en fonction des revenus du conjoint. Alors que la majorité s'est opposée à cette mesure réclamée par l'opposition pendant tout le quinquennat, Emmanuel Macron a fait son mea culpa lors du débat d'entre-deux-tours et y est désormais favorable.