Les fonds de pension européens sont à la merci d’une lourde facture climatique

Laurence Pochard
Les premiers stress tests de l’Eiopa sur les fonds de pension professionnels font état de fortes vulnérabilités. 255 milliards d'euros de valeur sont menacés.

La facture potentielle s’annonce salée Les régulateurs européens ont réalisé le premier test de résistance climatique sur les fonds de pension. Le test, qui porte sur un échantillon de 187 fonds de pension professionnels de 18 pays européens, mesure les effets d’un scénario simulant une transition désordonnée vers une économie verte résultant d’une mise en œuvre tardive de politiques dédiées.

L’Eiopa, l'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles, rapporte que ces fonds de pension sont exposés significativement au risque de transition : le scénario fait ressortir une baisse possible de 255 milliards d’euros de la valeur de leurs actifs, soit une érosion de 12,9%. Le cadre du test repose sur l’hypothèse que les nouvelles politiques de limitation du réchauffement climatiques ne soient pas adoptées avant 2030, ce qui entraîne une forte hausse des prix des émissions de carbone. Cette hausse déclencherait à son tour un

choc économique.

«Les lourdes pertes à l’actif exposent clairement les vulnérabilités du secteur aux risques climatiques, en particulier pour les investissements dans les industries carbo-intensives», souligne Petra Hielkema, la présidente de l’Eiopa.

Le gros de la baisse de valeur se retrouverait dans les investissements en actions et en obligations. Les fonds de pension dits « occupationnels » détiennent en effet en moyenne autour de 6% de leurs investissements en actions et 10% de leurs investissements en obligations d’entreprises dans des industries carbo-intensives telles que l’industrie minière, le gaz et l’électricité ainsi que le transport terrestre, pour lesquels le scénario prévoit des décotes sévères entre 20 et 38% de la valeur.

Exercice de prise de conscience

Le test de résistance a été complété par un sondage qualitatif sur les mesures d’atténuation et d’adaptation. Il révèle que bien que les fonds de pension concernés prennent davantage en compte les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs décisions d’investissement, ils connaissent toujours des difficultés dans leur allocation à des catégories d’actifs sensibles au risque climatique. Seuls 14% des entités sondées déclarent utiliser des tests de résistance climatiques dans leur gestion des risques. L’Eiopa note que ce sous-groupe a mieux réussi l’exercice du test que les autres.