
Le secteur financier paie ses lacunes dans la lutte contre le blanchiment d’argent

2021 devrait égaler 2020 en ce qui concerne les amendes pour blanchiment d’argent dans le secteur financier. Déjà, les régulateurs à travers le monde ont infligé 994 millions de dollars d’amendes (847 millions d’euros) rapporte la dernière étude de Kroll. Ces sanctions ont été infligées dans le cadre de 17 actions significatives répertoriées par le cabinet de conseil en matière de gouvernance et de risque. «Les montants des amendes en 2021 pourraient atteindre des niveaux aussi élevés que ceux des années précédentes, la valeur totale des amendes pour blanchiment d'argent en juin 2021 représentant près de la moitié des totaux de 2020 et 2017», estiment les auteurs.
En 2020, le montant des amendes pour blanchiment d’argent avait atteint 2,2 milliards de dollars à travers 45 actions contre seulement 444 millions de dollars en 2019. Cette inflation s’explique par des montants d’application des amendes cinq fois supérieurs à ceux de 2019, portée en 2020 par des amendes substantielles des régulateurs nordiques, malgré un nombre d’actions équivalent.
Par ailleurs, les amendes pour corruption ont atteint 130 millions de dollars au premier semestre 2021 et les sanctions 9,1 millions de dollars. En 2020, le montant total des amendes pour corruption avait atteint 2,4 millions de dollars (6 actions) et celui pour sanctions 27 millions de dollars (5 actions).
L’Union européenne et le Royaume-Uni concentrent la majorité des amendes ces six premiers mois avec plus de 590 millions de dollars, devant les Etats-Unis avec 404 millions de dollars. En particulier, les Pays-Bas ont connu des amendes de 582 millions de dollars portées par la banque ABN Amro, qui a accepté de verser l'équivalent 563 millions de dollars au parquet des Pays-Bas (Dutch Public Prosecution Service, DPPS) pour mettre un terme à une enquête pour blanchiment d’argent fin avril.
Surtout, après des critiques sur l’approche de l’Union européenne dans la lutte contre le blanchiment d’argent, la Commission européenne a planché sur un projet de règlement visant à renforcer le cadre de surveillance européen. Le texte devrait aboutir d’ici 2023 à la création d’une agence européenne dédiée à la lutte contre le blanchiment (Anti-Money Laundering Authority ou AMLA).
Pour le moment, les fintechs font l’actualité dans ce domaine : N 26 et Binance ont ainsi annoncé la semaine dernière un renforcement de leurs moyens.