
Julius Baer veut récupérer les bonus des banquiers liés à des blanchiments d’argent

Tout finit toujours par se payer. Julius Baer a indiqué dans son rapport annuel publié lundi sa volonté de récupérer les bonus accordés aux banquiers impliqués dans un scandale de blanchiment d’argent en Amérique latine. La banque suisse indique avoir «pris des mesures pour déclencher les dispositions de confiscation et/ou de récupération prévues par notre cadre de rémunération à l'encontre de certains membres du personnel ayant des liens pertinents avec la procédure à l'époque». Aucune précision n’est donnée sur les banquiers en question, ni sur les montants, la philosophie générale est juste rappelée : «Une part importante de la rémunération différée sur 3 à 5 ans est soumise à des dispositions de blocage et/ou de malus et de clause de récupération. » Cette clause serait levée pour des raisons de «dommage réputationnel», peut-on comprendre.
L’enquête en question est celle menée par la Finma, le régulateur suisse des marchés financiers, sur des cas présumés de corruption en lien avec le groupe pétrolier public vénézuélien PDVSA (Petróleos de Venezuela SA) et avec la Fédération internationale de football (Fifa). Elle portait sur 70 relations d’affaires entre 2009 et 2018, dont la quasi-totalité étaient jugées critiquables, et sur 150 transactions étudiées sur la même période dont la majorité subissait la même conclusion. Tout en évitant une sanction financière, le régulateur a obligé le groupe à revoir son organisation interne, jugeant une «culture de compliance et de gestion des risques lacunaire», et lui a interdit toute acquisition d’entreprise importante début 2020. L’ancien dirigeant de Julius Baer, Boris Collardi, n’a lui écopé que d’un blâme en début d’année.
Le document souligne ainsi la révision du cadre de rémunération déjà appliquée en Suisse et en Asie. En particulier, «le groupe a amélioré les processus de gouvernance de la rémunération, y compris les mises à jour de notre processus d'identification des Key Risk Takers (KRT), une structure de report améliorée, des taux de report plus élevés pour les KRT (jusqu'à 70% de la rémunération variable totale), une politique et un processus disciplinaires révisés, et des directives de récupération plus strictes.» Plus globalement, la gestion du risque a été remodelée notamment au niveau des données avec un renforcement de la connaissance des clients (know your customer, KYC) avec une nouvelle notation du risque client et une modification de la surveillance des transactions anti-blanchiment d’argent.