700 propriétaires se retournent contre Pierre & Vacances

Ils contestent la décision du groupe de suspendre le versement des loyers pendant les confinements.
Source : Pierre & Vacances

La fin d’année s’obscurcit pour Pierre & Vacances / Center Parcs. Après avoir dévoilé des résultats plombés par la crise sanitaire, le groupe doit faire face à la bronca de près de 700 de ses propriétaires. Les raisons de leur colère ? La suspension des loyers pour la période des deux confinements, soit 3 mois et demi au total. Un conflit qui devrait se terminer au tribunal.

Un groupe dans le rouge

En avril, alors que la France commence à s’habituer au confinement, le groupe annonce à ses propriétaires la suspension des loyers pendant la période de fermeture. La mesure sera reconduite en novembre, pour les mêmes raisons. « Les deux fermetures administratives contraintes ont empêché l’exploitation touristique des biens, devenus indisponibles à leur destination touristique, engendrant juridiquement la suspension du bail et les obligations essentielles des deux parties, explique Dominique Menigault, directeur de la relation des patrimoines du groupe. Dès la réouverture, nous avons repris l’intégralité du versement des loyers malgré le taux d’occupation faible ».

Il est vrai que le groupe a été fortement fragilisé par les deux confinements. Il annonçait en novembre un chiffre d’affaires de 1,298 milliard d’euros, soit une baisse de 22,4%. Selon Patricia Damerval, directrice générale adjointe et directrice financière du groupe, Pierre & Vacances / Center Park aurait perdu 325 millions d’euros de chiffres d’affaires, uniquement à cause du premier confinement et de la réouverture progressive jusqu’à juin.

Des propriétaires endettés prêts à aller en justice

Du côté des investisseurs, on dit comprendre les difficultés de la société, mais ne pas vouloir payer les pots cassés.  « Les deux co-contractants souffrent. Il faut éviter de transférer les difficultés d’un acteur vers l’autre », indique Me Bertrand de Campredon, avocat du cabinet Goethe et représentant des 700 propriétaires. Plusieurs investisseurs n’auraient pas réussi à obtenir le report de leurs créances et se retrouveraient à présent dans une situation très compliquée.

Un comble pour ce type d’investissement, plébiscité pour la garantie des loyers qui rassure les particuliers. Pour autant, ces derniers doivent faire preuve de « bonne foi contractuelle ». « Les loyers sont dus mais les bailleurs ne peuvent être aveugles face à la situation et doivent chercher un compromis avec le locataire », explique Me Bertrand de Campredon. Or, selon lui, la décision du groupe a été unilatérale et n’a pas laissé de place à la discussion.

Dialogue de sourds

Un mode opératoire que Pierre & Vacances justifie par l’urgence de la situation et a tenté de corriger par la suite. « Nous avons proposé à nos propriétaires de prolonger les baux d’un an. Pour récupérer tout ou partie des loyers perdus, nous leur avons également proposé de récupérer 50 % de la surperformance des sites pendant deux ans à compter de 2022 sur la base du chiffre d’affaires 2019 », indique Dominique Menigault.

La moitié des 20.000 propriétaires aurait accepté, les autres n’appréciant pas de se sentir forcés. « La suspension des loyers s’appliquait dans tous les cas, que les investisseurs acceptent ou non. Si on ne laisse pas le choix aux gens, ce n’est pas une proposition mais une information », rétorque Me Bertrand de Campredon. Ce dernier a tenté de contacter le groupe à plusieurs reprises, sans succès. Pierre & Vacances indique pourtant avoir maintenu le dialogue avec plusieurs associations représentant les propriétaires. Les discussions se font à présent par voie d’avocats et devraient se poursuivre au tribunal.