
Loi industrie verte : L’assurance vie appelée à être mobilisée

Bercy se tourne vers l’assurance vie et les plans d’épargne retraite (PER) pour financer la transition écologique. Lors de la présentation du projet de loi sur l’industrie verte, ce mardi 16 mai, le ministre de l’Économie et des Finances a proposé d’accélérer le développement du capital investissement dans les contrats d’assurance-vie et d’épargne retraite, dont les encours dépassent aujourd’hui 1.800 milliards d’euros.
Le projet de loi suggère notamment d’utiliser ce véhicule afin de financer la décarbonisation des PME et ETI par l’accélération du développement du capital investissement. Le gouvernement espère ainsi profiter du fait que ces investissements jouissent d’un horizon de long terme pour arbitrer dans le temps l’allocation des portefeuilles. «Ces grilles de gestion pilotées du plan d’épargne retraite (PER) permettent, en fonction des choix de l’adhérent, de prévoir des investissements plus offensifs et plus rentables au début du contrat avant de progressivement réorienter le contrat vers les actifs les plus sûrs», peut-on lire dans les solutions proposées au sein du projet de loi. Ainsi, le gouvernement souhaite que «certains profils de gestion pilotée» prévoient désormais, en début de contrat, une part minimale investie en titres non-côtés.
«La gestion profilée est intellectuellement intéressante, mais ce n’est pas la gestion qui performe le mieux d’un point de vue financier», constate Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet de conseil Facts&Figures et du site spécialisé sur les assurances de personnes et les placements financiers Good Value for Money. "Sur les PER individuels aujourd’hui gérés en gestion pilotée, le montant des encours des contrats est inférieur aux montants qui ont été versés».
Le gouvernement souhaite en parallèle accélérer ce profil de gestion dans l’assurance vie. Ainsi, «chaque assureur-vie devra référencer au moins une gestion pilotée par défaut». «C’est dommage de vouloir dénaturer l’assurance vie. Il serait préférable d’imposer aux assureurs de prendre des engagements responsables à travers les fonds en euros puisqu’ils en ont la pleine responsabilité», regrette le fondateur du cabinet de conseil Facts&Figures. En développant la gestion pilotée au sein des contrats d’assurance vie, l’exécutif pense de nouveau pouvoir orienter les investissements vers les PME et ETI et vers les actifs non-côtés.