
L’eurocroissance risque d’être pénalisé par les bons rendements des fonds en euros

L'Agefi Actifs. - Quel bilan tirez-vous de l’année 2013 ?
Eric Le Baron. - L’exercice 2013 a été une excellente année. Notre croissance a été supérieure à celle du marché dans un contexte plutôt difficile.
Nous avons enregistré une collecte nette positive tout au long de l’année y compris au mois décembre alors que le marché était négatif avec une part en unités de compte qui tangente les 50 %. Il y a dix ans, notre compagnie ne détenait que des fonds en euros. Aujourd’hui notre stock d’unités de compte est de l’ordre de 30 %. Cela tient à la composition de notre portefeuille où la clientèle patrimoniale, c’est à dire celle qui selon nos critères, détient environ 250.000 euros d’encours par foyer, représente aujourd’hui 44 % du stock des provisions mathématiques. Cette clientèle est moins averse au risque que la moyenne du marché.
Je m’étonne que le marché n’ait pas organisé plus-tôt un virage plus prononcé vers les unités de compte en continuant de collecter sur les supports en euros, dont les rendements ne peuvent que continuer à diminuer, compte tenu de la faiblesse persistante des taux longs. Parallèlement, je pense que les taux servis en 2013 ne sont pas raisonnables, par rapport à la réalité financière et actuarielle. Certes 2013 a été une belle année pour les évolutions en valeur de marché avec le retour des plus-values sur actions et sur obligations. Mais l’avenir est un peu moins reluisant, notamment sur les perspectives d’évolutions des taux sans risque.
Comment percevez le contrat euro-croissance ?
- L’euro-croissance est une alternative aux unités de compte. L’idée est plutôt séduisante pour des opérateurs qui ont eu du mal à se dégager des fonds en euros. Nous verrons comment nous répondrons à cette évolution. Compte tenu de la part des unités de compte dans notre collecte, nous nous sentons un peu moins concerné et nous attendons de l’euro-croissance certainement moins que d’autres opérateurs du marché. J’émets cependant quelques réserves sur les conditions dans lesquelles les assureurs vont faire la promotion de ce nouveau contrat alors que les taux de rendements affichés sur les fonds en euros classiques restent, comme je vous l’ai précisé, compétitifs. Comment convaincre l’assuré, dont l’épargne a été revalorisée à 2,80 %, sur des supports liquides que l’on risque de lui servir un taux moindre la première année sur un contrat euro-croissance avec une valeur de rachat bloquée. Tout un argumentaire marketing est à construire autour ce dispositif. Si les taux de rendement des fonds en euros avaient diminué de 20 ou 30 centimes, le discours sur l’euro croissance aurait été plus audible.