Assurance vie

Les fonds en euro dans le viseur de la CLCV

L’association de consommateurs pointe à nouveau le manque de transparence et d’équité dans les contrats
Les écarts de rendements vont « du simple au quadruple » selon les supports
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L’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) revient à la charge en matière d’assurance vie. Pour la deuxième année consécutive (lire L’Agefi Actifs n°720, p. 14), le groupement a étudié les frais, les taux servis aux consommateurs et le rendement des portefeuilles de 207 contrats d’assurance vie, fermés ou ouverts à la commercialisation. Et comme l’an passé, du mieux est attendu, en premier lieu en matière d’information sur les supports. « Nous avons eu du mal à avoir un retour de certains acteurs, qui n’ont peu ou pas de communication. Dans l’ensemble, nous constatons toujours un manque de transparence de certains organismes », explique Sandrine Perrois, juriste à la CLCV.

Réponses partielles. Ainsi, 58,2 % des professionnels interrogés (1) n’ont pas donné suite à l’association, refusant « expressément » de participer ou n’apportant que des réponses parfois « partielles », pointe l’association de consommateurs : « Soit ils ne nous répondent pas du tout, soit ils ne communiquent que sur les contrats ouverts à la commercialisation et pas ceux qui sont fermés. D’autres ne communiquent que sur le taux de rendement, et pas ceux des actifs du fonds », selon Sandrine Perrois. Les nouveaux produits issus du toilettage d’anciens (pratique du « versioning »), sont aussi dans le viseur, comme l’an passé : « dans notre précédente étude, nous avions constaté que certains contrats n’avaient pas été fermés mais avaient évolué, et qu’il y avait un manque d’information dessus », note Sandrine Perrois.

Rendements variables. Outre ce défaut de transparence, l’association déplore le « défaut d’équité » des rendements servis. Les écarts notés vont du simple au quadruple : 0,75 % pour le contrat le moins bien rémunéré, contre 3,5 % pour le meilleur. L’an dernier déjà, l’association avait fait part de « l’existence de taux variables, qui s’expliquent par les arbitrages dictés par des enjeux marketing », indiquait Jean-Yves Mano, son président. Une analyse qui reste toujours d’actualité. Dans le détail, la performance servie par les bancassureurs demeure encore cette année « moins intéressante » que celles des assureurs et des mutuelles. Ce qui est particulièrement visible sur le long terme : en huit ans, l’écart atteint plus de six points de rendement : 19,84 % pour les bancassureurs, contre 26,38 % pour les autres acteurs du marché. Conséquence, le taux de redistribution calculé par l’association (en comparant le rendement du portefeuille dans lequel le contrat est inclus au taux servi après frais de gestion au titulaire de l’assurance vie), est lui aussi très variable. Calculé sur huit ans, il est en baisse comparé à l’année précédente (71,29 % contre 75,21 % l’an dernier). « Sans compter que certains organismes appliquent des taux de redistribution différents selon les contrats, une façon de privilégier tel ou tel produit ». De manière générale, les acteurs peuvent mieux faire, juge-t-on à la CLCV : « Il y a de la marge, beaucoup de réserves ont été mises en attente par les organismes qui pourraient redistribuer davantage, au vu de l’inflation », selon Sandrine Perrois.

Meilleure redistribution. L’association renouvelle en conséquence sa demande d’une « meilleure équité dans l’attribution des rendements et de plus de transparence sur les informations des produits proposés aux consommateurs ». Elle appelle par ailleurs les professionnels à effectuer une redistribution des bénéfices « plus élevée afin que les détenteurs de fonds en euros ne se retrouvent pas en perte de pouvoir d’achat sur leurs économies, le niveau de rémunération tendant à se rapprocher de celui de l’inflation ». Enfin, face développement des unités de compte, ou aux produits complexes, comme les structurés, elle appelle à la vigilance. « L’épargnant doit savoir qu’il y a un transfert de risque sur ces produits », conclut Sandrine Perrois.


(1) La CLCV a envoyé 891 questionnaires, un par contrat d’assurance vie, à 110 contacts, assureurs ou distributeurs.