
Le taux de l'Afer fait de la résistance

C'est toujours un moment-clé pour les adhérents de l’Association française d’épargne et de retraire (Afer) et pour les professionnels du patrimoine. Gérard Bekerman, président de l’Afer, a dévoilé mercredi en début d'après-midi le rendement du fonds en euros de l'association pour l'année 2020 : 1,70%, net de frais de gestion et avant prélèvements sociaux et fiscaux. La baisse est donc limitée alors que le fonds avait passé l’an dernier le plancher psychologique des 2%, à 1,85%. L’autre association comparable, Gaipare, a annoncé lundi une rémunération de 1,90%.
Côté chiffres, l'association a enregistré 2 milliards d'euros supplémentaires, mais des rachats partiels de 1,3 milliard (stable par rapport à 2019), des prestations décès à hauteur de 1,7 milliards et des rachats totaux de l'ordre de 174 millions d'euros. Au total, la collecte nette est donc négative et s'établit pour 2020 à -1,1 milliard d'euros. La provision pour participation aux bénéfices (PPB) s'établissait à décembre 2020 à 269 millions d'euros. Environ 80 millions d'euros y ont été prélevés en 2020.
Par ailleurs, le président de l'Afer a réaffirmé l'intérêt de l'association pour le PER. Il a lancé un appel aux différents partenaires de la Place pour améliorer l'offre existante. En 2020, le fonds en euros du PER de l'Afer servira une rémunération de 1,25 % net de frais de gestion et avant prélèvements sociaux et fiscaux.
Cette année, l’intervention de Gérard Bekerman était très attendue pour une autre raison : Aviva France, le partenaire historique de l’Afer, qui confie à Aviva Investors la gestion de son fonds euros, pourrait être cédé. L’intersyndicale de l'assureur s’est mobilisée dès la fin août - lorsque le groupe britannique Aviva a indiqué explorer toutes les options pour sa branche française - et a encore communiqué mardi pour préserver l’emploi, que le repreneur soit Macif, Generali, Eurazeo, le tandem Athora-Allianz ou un autre.
Aviva est forcément consciente de ses responsabilités envers toutes les parties. Si une consultation s’avère nécessaire, elle ne pourra s’arrêter à la seule démarche formelle auprès des représentants du personnel.
« Que le meilleur gagne »
L’Afer a un droit de regard inscrit à son contrat, et pèse surtout près de 60 milliards d’euros sous gestion, en cas de vente d’Aviva France. « Certains nous ont présentés comme l’arbitre de cette opération. C’est un peu excessif. L’Afer exercera simplement son droit de consultation afin de vérifier que l’intérêt de ses adhérents soit préservé. Nous répondrons équitablement à toutes les sollicitations. Que le meilleur gagne ! », a déclaré Gérard Bekerman lors de la conférence de l'Afer, martelant à plusieurs reprises que l'association serait "neutre".
L'association avait donné le ton le 12 août, communiquant sa volonté de rester « une association libre et indépendante ». Nul doute que, dans le mois, Gérard Bekerman a fait part de ses exigences pour défendre ses 756.620 adhérents - au dernier comptage- avec 13.500 nouveaux souscripteurs dont l’âge moyen est de 41 ans - avec 30 % âgés de moins de 30 ans, abaissant l’âge moyen des adhérents de 61 à 58 ans. Au moins, dans son meilleur allemand à Allianz si l’assureur envisageait de reprendre Aviva France pour sa propre branche française, avec le fonds Athora intéressé par les contrats d’épargne. Ensuite, laissant passer l’agitation des uns et des autres, il a pu répondre à d’autres sollicitations et échanger avec tous ceux qui comptent dans ce dossier.
Sauvegarder l'assurance vie
L’Afer n’a pas de droit de veto. Mais son président a un sens politique aiguisé. « Regardez tous les combats que nous avons menés et remportés depuis 15 ans ! » déclare-t-il à L’Agefi Hebdo, dans un entretien à paraître demain (1). S’il défend les fonds en euros, il précise que « 18 millions de Français appellent à un modèle révolutionnaire d’assurance vie », et estime que les parlementaires devraient reprendre la main sur les règles de solvabilité des assureurs. Pourquoi ? « Au-delà de la nécessaire solvabilité, c’est tout l’enjeu de la mission de l’assurance vie qui est en question, peut-être en cause. Et cette mission, elle doit être dictée par une stratégie qui va bien au-delà du contrôle et de la surveillance. Le contrôle, c’est le tuteur. La vision, c’est le rosier qui doit fleurir pour une France qui entend faire revivre ses entreprises », scande-t-il.
Lors de la conférence, le président a clamé haut et fort son attachement au fonds en euros. « Ils ne sont pas obsolètes ! Nous devons les faire évoluer pour qu'ils donnent du sens à l'épargne et qu'ils soient plus aux services du financement des entreprises », a-t-il affirmé. Il a ensuite pointé du doigt les attaques parfois virulentes de certains assureurs en 2020. « Je comprends leurs positions, mais l'investissement en unités de compte ne doit pas résulter d'une contrainte, il doit être un choix librement consenti », a-t-il insisté faisant référence aux minimum d'investissement en UC qui sont désormais appliqués par la quasi totalité des assureurs sur leurs contrats d'assurance vie.
(1) A lire dans L'Agefi Hebdo du jeudi 21 janvier : l’entretien de Gérard Bekerman, où il dresse le portrait-type du repreneur de son assureur historique, ainsi que l’échange avec Eric Viet, membre du comité de direction d’Athora