Le comportement des épargnants français se radicalise

Mathilde Castagna
Revalorisé, le Livret A se place en tête des placements d’épargne préférés des Français, loin devant l’assurance vie et le PER.  

Les préférences en matière d’épargne sont profondément modifiées en 2023. L’assurance vie perd sa place de placement préféré des Français pour la céder au Livret A, dont le taux de rémunération a été fraichement revalorisé début février. Les livrets bancaires séduisent 50% des Français, tandis que l’assurance vie convainc 25% d’entre eux, selon le 21e baromètre «Les Français, l’épargne et la retraite» réalisé en tout début d'année par Ipsos pour Le Cercle des Epargnants. «Les épargnants favorisent des placements bancaires au détriment de l’épargne de long terme, mais cela ne signifie pas que ce sont des changements pérennes», Brice Tinturier, directeur général d'Ipsos en France. Le phénomène se répète pour la préparation à la retraite, le livret A arrive en tête, devant l’assurance et le PER.

Ces évolutions témoignent d’une polarisation des stratégies d’épargne avec une augmentation de la préférence à la fois sur les produits les plus sûrs et les plus risqués. En effet, les produits rémunérateurs mais peu liquides et risqués gagnent du terrain en un an et représentent plus de 30% des préférences des épargnants sur le moyen terme. Les Français semblent plus enclins à ne pas toucher à leur argent pendant quelques années afin d’être mieux rémunérés (+14% en un an), quitte à tirer un trait sur un investissement immobilier (-8%). Or, la majorité d’entre eux gardent une prédilection pour les placements les plus prudents tant en matière de risque que de liquidité.

Dans le contexte actuel, les détenteurs de produits d’épargne sont pour la majorité motivés par le fait de constituer une épargne de précaution. «C’est le fait le plus marquant depuis trois ans, les Français font face à un sentiment d’instabilité accru et à une imprévisibilité totale», argumente Brice Tinturier. La question des retraites et la volonté de s’assurer contre le risque de dépendance stimulent également leur volonté de se constituer une épargne.

La guerre de confiance

En pleine réforme des retraites, 61% des Français se disent inquiets pour leur propre retraite et le manque d’argent est toujours la principale source de préoccupation (83%). Près de la majorité (41%) décide de faire alors confiance en leurs banquiers pour les conseillers sur l’épargne en vu de la retraite. C’est cinq points de plus qu’en 2022. Dans la bataille de confiance, les assureurs fédèrent 19% des épargnants, à peine plus que les employeurs qui voient leur côte de popularité passer de 11 à 15% en un an.