L’assurance vie européenne doit se réinventer pour retrouver une croissance rentable

L'Agefi Quotidien
Commission européenne


L’assurance vie européenne doit se réinventer. Tel est le message adressé au secteur par McKinsey, dans une récente étude. «Afin de survivre dans les prochaines années, les acteurs de l’assurance vie en Europe doivent procéder à des mutations audacieuses», écrit le cabinet de conseil en stratégie. Selon ce dernier, les bénéfices de cette industrie couvrent à peine le coût du capital.

Cette situation résulte en grande partie de l’environnement de taux ultra-bas qui lamine depuis plusieurs années les revenus d’investissement des assureurs. Et ceux-ci n’ont pas suffisamment adapté leur stratégie d’allocation d’actifs à cette nouvelle donne, regrette McKinsey, soulignant que les obligations pèsent encore jusqu’à 80% dans nombre de portefeuilles, au détriment d’actifs plus risqués et donc plus rentables.

Le cabinet pointe également du doigt la difficulté des compagnies d’assurance vie à tirer parti d’un marché pourtant prometteur, en raison de leur trop grande focalisation sur la clientèle aisée, alors que c’est le marché de masse qui aura le plus besoin de se constituer des revenus complémentaires à l’heure de la retraite.

La première suggestion de McKinsey pour retrouver le chemin «d’une croissance rentable» porte ainsi sur l’innovation commerciale, avec une offre «qui doit être flexible, personnalisée et pertinente». A cet effet, il préconise par exemple la mise en place de produits permettant aux clients d’ajuster, en fonction de leur âge, le montant des primes payées pour leurs différentes polices d’assurance (incapacité de travail, maladies chroniques).

McKinsey exhorte aussi les assureurs à réduire leur base de coûts, qui n’a diminué que chez trois des quinze principaux acteurs du secteur en 2016 (dernières données disponibles). Rapportés aux primes, les coûts des assureurs-vie européens ont stagné alors que le coefficient d’exploitation du secteur bancaire a, lui, diminué de 7 points en moyenne, «ces dernières années», insiste le cabinet. Qui suggère, entre autres, un recours accru à la sous-traitance.

Il recommande également de nouveaux efforts de transformation digitale, tant au niveau des systèmes d’information afin d’améliorer la réactivité des assureurs, que sur le plan de la distribution pour séduire la clientèle des «digital natives, la cible principale à conquérir pour l’assurance vie dans les dix prochaines années». La distribution en ligne représente encore moins de 5% des ventes du secteur en Europe, d’après l’étude.