L’Allemagne pénalise le secteur européen de l’assurance vie

Amélie Laurin, Agefi Quotidien
La croissance en Europe des contrats vie a nettement ralenti l’an dernier en raison du recul du marché outre-Rhin, affecté par la baisse des taux garantis.

L'inquiétude sur la faiblesse persistante des taux d’intérêt frappe de plein fouet l’assurance vie allemande. En 2015, le volume global des primes vie s’est contracté de 2,5% dans le pays, révèle l’étude annuelle Sigma du réassureur Swiss Re, dévoilée hier. Cette situation pèse sur le marché de l’assurance vie en Europe de l’Ouest, qui a seulement crû de 1,3% l’an dernier, contre une hausse de 5,8% en 2014 et une progression de 4% en 2015 pour le secteur à l'échelle mondiale.

Avec 87,2 milliards d’euros de primes en 2015, l’Allemagne pèse 10% du marché régional de l’assurance vie, selon le baromètre annuel de Swiss Re. Dans ce pays, les affaires nouvelles ont particulièrement souffert, avec un recul de 3% pour les contrats à versements récurrents, et même de 8,8% pour les versements uniques. Depuis le 1er janvier 2015, le taux garanti des nouveaux contrats y est passé de 1,75% à 1,25%, et il baissera à 0,9% début 2017, loin des 4% encore servis aux souscripteurs des années 90. Pour le moment, le gouvernement a renoncé à abolir les taux garantis qui érodent la rentabilité des assureurs allemands. Certains ont déjà mis fin à ce système pour leurs nouveaux produits, dont Ergo, la filiale de Munich Re en pleine restructuration, Generali, Zurich Insurance et Axa.

Dix fois plus petit que l’Allemagne, le marché portugais a de son côté vu ses primes chuter de 18% l’an dernier, après deux années de rebond. Leader en Europe, le Royaume-Uni a quant à lui renoué avec la croissance (+2,4), après deux années de déclin.

Deuxième marché régional, la France affiche une progression supérieure à la moyenne, à 2,9% avec un volume total de primes vie de 135,3 milliards d’euros. Affectés par la baisse des rendements obligataires, les épargnants continuent à faire confiance aux fonds en euros, qui bénéficient d'une garantie en capital, tandis que les assureurs multiplient les campagnes pour promouvoir les unités de compte, aux perspectives de gains supérieures mais plus risquées. 

En assurance dommages, la croissance du marché français a été deux fois moindre en 2015, à 1,5%, pour un total de primes de 72,5 milliards d’euros. Sur le continent, l’évolution a également été de 1,5%, contre une progression de 3,6% à l’échelle mondiale. En 2016, «la croissance des primes vie devrait s’améliorer dans les marchés avancés, alors que les perspectives sont mitigées en non-vie», prédit Sigma.