Etude

La mauvaise passe de l’assurance vie

Dans sa veille stratégique et concurrentielle réalisée en décembre 2008, le cabinet Capa Conseil, spécialisé dans l’expertise des marchés de l’assurance et de l’épargne, s’est interrogé sur les perspectives 2009 dans le secteur de l’assurance vie. Si ces quinze dernières années, cette branche a bénéficié d’une activité florissante, Capa Conseil relève que les assureurs devront cette année faire face à « un contexte particulièrement dégradé ».

Produits liquides. Selon cette étude, le phénomène serait essentiellement dû à la crise financière, et plus particulièrement à l’inversion de la courbe des taux (taux courts supérieurs aux taux longs) provoquée par l’assèchement du marché monétaire. Cette altération aurait effectivement entraîné un impact considérable sur la structure des placements financiers des ménages, ces derniers ayant orienté massivement leur effort d’épargne vers des produits liquides au détriment de l’assurance vie. La remontée des taux de rendement du Livret A (revalorisation à 4 % le 1er août 2008) et le besoin en ressources bilantielles des banques auraient d’ailleurs amplifié cette préférence pour les placements liquides. D’après Capa Conseil, de fin janvier 2007 à fin septembre 2008, les flux nets cumulés sur 12 mois de l’ensemble des liquidités auraient quasiment doublé, passant de moins de 22 milliards d’euros à plus de 43 milliards.

Facteurs contradictoires. A contrario, et au cours de la même période, l’étude note que la collecte nette d’assurance serait tombée de 63 milliards d’euros à 40,4 milliards. Si cette concurrence des produits liquides semble avoir coûté entre 4 et 5 points de croissance en 2008 à l’assurance vie, les fonds euros ont cependant affiché une croissance de 2 % à fin octobre 2008 tandis que les versements sur les supports en unités de compte chutaient de 41 %. Néanmoins, la dégradation des marchés boursiers est si profonde qu’elle aurait coûté à la collecte brute environ 5 points de croissance en 2008.

L’essor des placements liquides a cependant été freiné par l’action de la Banque centrale européenne, qui a baissé son taux directeur de 4,25 % à 3,75 % le 12 novembre, pour finalement le ramener à 2,75 % le 4 décembre. Selon Capa Conseil, si le mouvement se poursuit, l’inversion des taux ne devrait donc plus être de mise en 2009 et l’impact des placements liquides sur la collecte d’assurance vie deviendrait alors positif. Ce phénomène pourrait d’ailleurs être amplifié par la baisse attendue de la rémunération du Livret A qui devrait tomber à 3 % dès le 1er février 2009.

Note négative. Cependant, la forte mobilisation des banques en faveur de la souscription du Livret A et leur nécessité de continuer à renforcer leur bilan dans le sillage de la crise financière pourraient venir atténuer l’impact positif d’une baisse anticipé de la rémunération du Livret A.

Capa Conseil conclut donc son étude sur une note négative en précisant que si l’année 2009 devrait être marquée par une amélioration progressive des conditions financières, l’impact positif sur la collecte d’assurance vie d’une moindre préférence pour les placements liquides pourrait être limité. En effet, tant que les démarches des assureurs se résumeront à une offre multisupport, proposant des unités de compte fortement exposées à la volatilité des marchés, l’espoir d’une reprise significative semble illusoire.

Si l’on en croit le cabinet, qui préconise aux assureurs de créer des produits susceptibles d’allier la sécurité des fonds en euros et la souplesse des unités, peut être qu’alors l’assurance vie pourrait enfin reprendre sa place de leader sur le marché de l’épargne.