Immobilier

La maîtrise de l’énergie mobilise tous les acteurs de la chaîne du bâtiment

En janvier 2013, toute construction d’un logement résidentiel devra respecter de nouveaux critères de consommation énergétique - L’intervention d’un organisme certificateur permet de rassurer le maître d’ouvrage sur le bon déroulement des opérations.

La nouvelle réglementation thermique (dite RT 2012) présentée le 6 juillet dernier par Jean-Louis Borloo et Benoist Apparu, le secrétaire d'Etat au Logement et à l'Urbanisme, vise à limiter la consommation d’énergie primaire des bâtiments neufs et ainsi généraliser les bâtiments basse consommation (BBC).

D’ici à janvier 2013, les logements résidentiels devront respecter une norme de consommation énergétique maximale de 50kWh/m_/an avec une variation de 45 à 65 kWh/m_/an selon la zone géographique (1). Toute demande de permis de construire déposée à partir de cette date devra être accompagnée d’un bilan démontrant le respect des nouveaux critères. Pour tout édifice public ou tertiaire, la date limite est fixée au 1er juillet 2011.

Le grand chantier énergétique reste toutefois celui du parc ancien. D’où l’émergence de certaines initiatives comme celle engagée par la Fnaim d’atteindre le nombre symbolique de 100.000 rénovations énergétiques d’ici à fin 2012 en promettant d’aller beaucoup plus loin.

La norme BBC.

L’exigence BBC porte sur cinq critères de consommation : le chauffage, le refroidissement, la ventilation, l'eau chaude sanitaire, les auxiliaires de chauffage et l'éclairage. Le calcul se trouve ensuite pondéré par un coefficient en fonction de la zone climatique et de l'altitude.

Pour obtenir ce résultat, les bâtiments doivent combiner une isolation thermique et un système de chauffage performants accompagnés d’une bonne ventilation.

Les choix architecturaux d’un bâtiment performant.

Pour concevoir un bâtiment énergétiquement performant, il s’agit, en premier lieu, de travailler sur sa compacité, c’est-à-dire essayer de contenir un volume maximum dans une enveloppe réduite au minimum. « La maison est donc, à la base, un mauvais produit par comparaison avec un immeuble », explique Xavier Lagurgue, architecte associé de XLGD, enseignant à l’ENSA (2) Paris Val-de-Seine et à l’ICH (3). Il convient de s’intéresser dans un deuxième temps aux caractéristiques de l’enveloppe (murs, fenêtres et toit), d’arbitrer entre surface opaque et surface vitrée et décider ensuite d’un système constructif (béton, bois, métal…).

Une fois le bâtiment isolé, il reste deux enjeux pour réussir l'enveloppe : l’étanchéité à l’air de l’enveloppe (pour garder un air intérieur sain, on installe une ventilation mécanique, la plus part du temps à double flux) et la gestion des ponts thermiques (la jonction de plancher-parois par exemple). « A partir du moment où une maison est bien isolée, les pertes liées aux infiltrations d’air (fenêtres, murs) et aux ponts thermiques peuvent devenir très importantes en proportion. Traditionnellement, les constructeurs n’ont pas eu l’habitude de soigner ces points-là », précise Dimitri Molle, cofondateur du bureau d’études thermiques Sénova.

Le prix de l’esthétique.

Afin de définir un cahier des charges cohérent avec l’objectif recherché par le client (BBC ou autre), les bureaux d’études thermiques assistent le maître d’ouvrage - un particulier qui fait construire sa maison, par exemple, et son constructeur - dans le choix des systèmes et des matériaux à mettre en œuvre. « La sélection tient compte des attentes et des contraintes budgétaires du client ainsi que des savoir-faire des entreprises de bâtiment. Le BBC n’est pas un moule. On peut atteindre des objectifs avec toutes sortes de solutions techniques », explique Dimitri Molle. « Cependant, note un professionnel, à coût égal, peu de dispositifs techniques se révèlent capables d’atteindre les niveaux de consommation imposés par la RT 2012. »

En effet, pour une même performance thermique, il est plus onéreux de concevoir une enveloppe vitrée qu’opaque. De même, concevoir des bâtiments BBC avec du béton plutôt que du bois s’avère moins coûteux et plus simple. « Le danger n’est-il pas de se retrouver avec des bunkers sans fenêtres pour faire du BBC pas cher ? », s’interroge Xavier Lagurgue.

La certification.

La conformité à la norme est validée par un des organismes certificateurs conventionnés par le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer : Cequami pour les maisons individuelles, Certivea pour les bâtiments tertiaires, Cerqual pour les logements collectifs et individuels groupés, et Promotélec pour les logements neufs individuels ou collectifs.

Après vérification des études thermiques basée sur des simulations de consommations dans des conditions conventionnelles et réorientation éventuelle de l’ouvrage, les organismes certificateurs examinent le chantier réalisé - la correspondance des matériaux et des équipements avec ceux prévus dans l’étude, par exemple -, puis effectuent un test d’étanchéité à l’air pour mesurer le taux de déperdition (entrées d’air parasites, fenêtres mal posées). « Lorsque ce test est bon, cela signifie que l’assemblage des produits, les calfeutrements, l’isolation ont été bien faits », explique Patrick Nossent, président de Certivéa et de Céquami.

Quelles garanties pour le particulier ?

« Tous les constructeurs n’ont pas la capacité à obtenir le label », alerte Patrick Nossent. Il appartient au particulier de s’assurer que le professionnel est capable de réaliser un bâtiment conforme à la norme BBC. Au client de prendre ses précautions en demandant au constructeur une attestation de pré-validation du projet que ce dernier obtiendra auprès de l’organisme certificateur après vérification par ce dernier des études thermiques au moment de la conception. « C’est un très bon indicateur du sérieux du professionnel », déclare-t-il. Ce qui n’empêche pas parfois le projet de capoter et de manquer l’obtention du label. Certains contrats font l’objet d’une obligation de performance - avec pénalités si le bâtiment n’est pas labellisé.

Le grand chantier de la rénovation.

L’existant aussi a sa réglementation puisque, depuis le 1er novembre 2007, les chaudières, fenêtres, isolations, radiateurs, ballons de production d’eau chaude…, installés à l’occasion de travaux de réhabilitation, doivent respecter des exigences de performance énergétique. Aucune précision dans la RT Grenelle Environnement 2012 ne concerne pour l’instant le parc ancien. Pourtant, « il ne se renouvelle qu’à hauteur de 1 % par an par la construction de logements neufs », explique René Pallincourt, président fédéral de la Fnaim. Dès lors, l’enjeu de la rénovation du parc ancien est primordial. Pour obtenir le label BBC Effinergie Rénovation (pour les constructions mises en service après 1948), le bâtiment doit justifier d’une consommation énergétique inférieure à 80 kWh/m_/an.

Le tertiaire, de son côté, s’est vu confier un objectif de réduction de 38 % des consommations d’ici à 2020. Les professionnels s’organisent (lire l'encadré).

(1) La loi précise que les consommations doivent être mesurées en énergie primaire afin de tenir compte des consommations énergétiques de l’ensemble du processus de production, de transport et de distribution d’énergie.

(2) Ecole Nationale Supérieure d’Architecture.

(3) Institut d’études économiques et juridiques appliquées à la construction et à l’habitation.