« La distribution par les CGPI a tiré la collecte »

Pour Bernard Le Bras, président du directoire de Suravenir, 2018 aura été une année de « contraste »
L'assureur, qui privilégie la stabilité, est parvenu à maintenir les rendements de ses principaux contrats
Bernard Le Bras, président du directoire de Suravenir

Optimiste, Bernard Le Bras note des « incertitudes positives » en 2019, à l’instar de la loi Pacte qui entend libéraliser l’épargne retraite et ouvre les perspectives de l'assurance vie avec l'Eurocroissance. Mais selon lui, le retour de l’inflation obligera les assureurs à avoir un discours cohérent en matière de rendements afin de protéger le pouvoir d'achat des épargnants.

L’Agefi Actifs.- Une fois de plus, les taux servis par les compagnies d'assurance ont été fort variables en 2018, et tendant à montrer un marché hétérogène. Quel regard portez-vous sur l'année écoulée ? 
Bernard Le Bras. - 2018 a été une bonne année, bien qu’un peu contrastée. Heureusement que nous avions pris de l’avance sur les six premiers mois de l’année sur les unités de compte (UC), car à la rentrée, la donne s’est en effet un peu compliquée avec l’évolution défavorable des marchés financiers. La collecte a baissé, et le taux d’UC s’est replié à ce moment aussi. Nous avons beaucoup mis l’accent sur les mandats d’arbitrage, en suivant l’évolution des marchés.

En matière de rendements, vous avez privilégié la stabilité...
- Nous avons réussi à dégager un certain nombre de plus-values sur les actions, nous permettant de conforter notre politique de stabilité des taux. Ceux-ci ont peu bougé sur la plupart de nos fonds euros dans les contrats grand public, Internet ou distribués par les conseils en gestion de patrimoine indépendants (CGPI). En haut du classement des fonds euros, on retrouve notre fonds dédié Sécurité Pierre Euro de Primonial Sérénipierre, investi à 80 % en immobilier, à 3,20 % net. C’est une classe d’actifs à laquelle on continue de croire, car elle est extrêmement robuste, en se positionnant surtout sur les bureaux, majoritairement en Ile-de-France. L’effet Brexit devrait en effet bénéficier à ce segment, avec le rapatriement d’équipes à Paris, même si pour la province, nous sommes plus réservés. Le marché des commerces est un peu compliqué, mais depuis deux ans, nous misons également sur l’immobilier de santé, notamment avec les maisons de retraite, les Ehpad et établissements de soins de suite. Les perspectives ne sont pas seulement françaises : en Allemagne, en Italie et aux Pays-Bas. En 2018, notre portefeuille comprenait ainsi 70 établissements de santé en Allemagne.

Quelle est la tendance sur le front de la distribution ?
- Concernant les réseaux, la distribution par les intermédiaires CGPI a tiré la collecte, avec Vie Plus mais aussi les partenariats Banque Privée avec BPE, qui ont été moteurs. Devant Internet, qui est également en progression, et dont on estime que ce circuit représente 40 % de notre collecte nette aujourd’hui. Les réseaux traditionnels bancaires ont été un peu moins performants, mais représentent toujours grosso modo le tiers de la distribution.

Comment abordez-vous 2019 ? 
- Le secteur doit faire face à des inconnues préoccupantes. Il faut d’abord digérer la performance des marchés. Au début de l’année, la collecte est assez marquée en faveur de l’euro et vers deux types d’UC. D’une part les UC immobilières, qui produisent de la bonne performance, et à l’égard desquelles les clients sont très confiants, et d’autre part les produits structurés qui offrent des points d’entrée plus intéressants qu’il y a un an. Les fonds patrimoniaux qui ont souffert, montrent de la décollecte. Mais on peut également noter des incertitudes positives, comme la loi Pacte. Nous croyons beaucoup à cette offre d’épargne retraite très large, d’autant que nous sommes un acteur important sur le Perp. La clientèle qui souhaite se constituer une retraite est très sensible à l’aspect fiscal. Enfin, 2018 aura été le retour de l’inflation. C’est un élément nouveau. Le discours consistant à dire que l’on baisse le rendement tout en préservant le pouvoir d’achat n’est pas très cohérent. De notre côté, nous nous efforçons de mettre un peu moins en réserve et de donner un peu plus. J'ai tendance à penser que l'on est arrivé à un point bas, avec une possible stabilité des taux pour 2019.
C'est en tout cas un objectif raisonnable.