
La Bred paie son écot à la crise de l’assurance vie

Si Natixis Assurances a résisté à la tempête des taux bas, un autre assureur du groupe BPCE en a fait les frais. La Bred, première des Banques Populaires, a augmenté le capital de sa filiale d'assurance Prepar en octobre. «Par précaution pure, nous avons fait une augmentation de 40 millions d'euros», a officialisé jeudi matin Olivier Klein, directeur général de la Bred, lors de la présentation des résultats 2019. «Nous n'avions pas de problème de solvabilité mais ça tangentait vers un niveau bas», a-t-il ajouté, en notant aussi l’effet positif du relèvement des taux des obligations d'Etat de la zone euro en fin d'année.
Un ratio de solvabilité de 191%. Au 31 décembre, le ratio de solvabilité de Prepar atteignait 191%, largement au-dessus du minimum réglementaire de 100%. Il aurait été de 148% sans l'intégration de 70% des réservés des contrats (PPB), autorisée par Bercy avant la clôture des comptes annuels des assureurs. La solidité des acteurs français fait débat depuis plusieurs mois, dans le sillage de la recapitalisation surprise de 540 millions d'euros de Suravenir, filiale du Crédit Mutuel Arkéa. En décembre, la Société Générale a injecté 350 millions d’euros dans son assureur Sogecap.
A l’automne, la Bred a également commencé à ajuster sa politique commerciale au contexte de taux durablement bas. Elle impose désormais la souscription d’unités de compte (UC), non-garanties en capital, aux clients qui souhaitent verser plus de 100.000 euros sur une assurance-vie. Les autres peuvent continuer à alimenter leur fonds en euros sans contrainte de diversification. En revanche, la banque a décidé de ne pas moduler le taux de rendement des contrats en fonction du taux d’UC, contrairement à nombre de ses concurrents. Son principal contrat a servi 1,35% au titre de 2019. Prepar gère au total 7 milliards d'euros d'encours d’assurance-vie.
Malgré le renflouement de Prepar, le bénéfice net de la Bred a atteint un nouveau sommet à 307 millions d’euros (+11% sur un an). Son produit net bancaire (PNB) total a progressé de 5,1%, à 1,25 milliard d’euros. Dans le marché atone de la banque de détail en France, la Bred a crû de 5% grâce à la bonne dynamique du crédit. Depuis la crise de la zone euro en 2012, le PNB de ce métier a augmenté de 39% sur son périmètre géographique (Ile-de-France, Normandie, Aisne et DOM). Pour l’ensemble des Banques Populaires, la croissance des activités de détail se limite à 8% en sept ans, mais elle dépasse celle de l’échantillon des établissements traditionnels cité par la Bred.