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Daniel Collignon : «Nous envisageons d’appliquer cette méthode à tous les rachats partiels»

Mathilde Castagna
Quelques jours après avoir ouvert la possibilité de racheter une partie de son contrat d'assurance vie et de disposer du capital instantanément sur son compte bancaire, le directeur général de Spirica revient sur cette innovation qui reste une première sur le marché.
REA

L'Agefi Actifs : Quelle est la genèse de ce projet ?

Daniel Collignon : La genèse de ce projet vient du constat que les assureurs ont multiplié les développements pour favoriser la souscription et les versements libres sur leurs contrats, mais les efforts faits sur la partie des prestations n’ont pas été aussi importants. Aujourd’hui lorsque l’on souscrit un nouveau contrat et que l’on effectue un versement, cela peut être fait en deux heures, en revanche pour récupérer son argent dans le cadre d’un rachat partiel cela peut prendre plusieurs semaines et en cas de décès, ce délai peut dépasser un an. Il fallait donc améliorer la récupération du capital par les épargnants.

Nous voulons ainsi faciliter l’accès à cet argent, même si l’assurance vie est un placement de long terme. Aujourd’hui, nous constatons que des épargnants laissent des sommes significatives sur leurs comptes courants et perdent des opportunités de placements. En donnant la possibilité de sortir du contrat d’assurance en quelques minutes, et recevoir cette somme sur son compte courant - pour faire face à un coup dur par exemple - on supprime ce besoin qui est aujourd’hui rempli par les comptes bancaires. Cela devrait permettre à l’épargnant d’investir davantage, de saisir des opportunités et d’avoir tout de même un accès à son épargne, qui est dans ce cas instantané.

Comment avez-vous raccourci le processus de rachat partiel ?  

Traditionnellement, lorsqu’un client fait une demande de rachat partiel, nous attendons - avant de désinvestir - de connaitre la valorisation de l’unité de compte. Lorsque c’est un OPCVM, nous avons accès à ces données le lendemain en général, mais lorsque c’est une unité de compte cotée, c’est plutôt quinze jours auxquels s’ajoute huit jours pour recevoir l’information. Nous pouvons donc commencer à traiter la demande de rachat seulement au bout de trois semaines. Donc pour des raisons techniques de valorisation des unités de compte, il peut y avoir un délai de plusieurs semaines avant même de débuter le processus.

Chez Spirica, nous avons pris le problème à l’envers, en cas de rachat instantané, nous versons dans un premier temps la somme demandée par le client, puis nous attendons la valorisation des unités du compte qui nous indiquera ensuite le nombre d’unités de compte qu’il est nécessaire de désinvestir.

Nous envisageons plus tard d’appliquer cette méthode à tous les rachats partiels traditionnels, sur tous les supports et sur tous les contrats, quel que soit le montant.

Est-ce qu’avec cette option, vous allez concurrencer le livret A ?

Non, pour notre type de clientèle, le livret A n’est pas une référence. Le fonds en euros dans notre clientèle est un complément pour diminuer la volatilité du contrat, c’est une solution de repli lorsque les marchés sont compliqués, mais sur 2022, les versements bruts étaient composés à 60% d’unités de compte.

Qui peut accéder à cette option de rachat ?

Les rachats partiels peuvent être fait à tout moment. Pour en bénéficier, il faut être l’unique souscripteur du contrat. Cette offre n’est pas ouverte lorsque le contrat comporte plusieurs souscripteurs. Il faut également que le rachat ne soit pas effectué sur les unités de compte présentant des pénalités de rachat. Et surtout, nous avons imposé deux plafonds, le premier en valeur absolue qui est de 20.000 euros par trimestre (plusieurs rachats possibles), et le second en valeur relative qui est de 60% de la valeur du contrat.

Nous avons regardé par rapport aux rachats partiels réalisés ces dernières années, 65% d’entre eux sont couverts.

Appliquez-vous des frais en cas de rachat ?

Nous n’appliquons aucun frais sur cette opération. Nous prenons en charge le coût du virement instantané. Le montant est relativement faible et ce genre d’opération nous a conduit à une automatisation des processus, et donc un gain d’efficacité pour nous.