Private equity : les Français en veulent malgré leur manque de culture financière

Parmi les actifs privés, il s’attire presque autant leurs faveurs que l’immobilier.

Le private equity est-il en passe de détrôner l’immobilier dans le cœur des Français ? Dans une récente étude, la société de gestion Schroders nous apprend que le capital investissement les séduit (55%), quasiment au même stade que la pierre (57%).

L’engouement s’explique par la démocratisation à marche forcée de ces dernières années. Les fournisseurs rivalisent de produits accessibles à une clientèle retail, bien contents de pouvoir reconstituer leurs marges, qui se réduisent comme peau de chagrin avec les investisseurs institutionnels. Les conseillers financiers se sont mis au diapason et ont su intégrer le PE dans l’allocation de leurs clients.

Classement des actifs privés les plus prisés des Français

Source : Schroders

Les Français seraient-ils donc enfin prêts à prendre plus de risque en finançant l’économie réelle ? Les entreprises oui, les autres actifs privés…rien n’est moins sûr. Car de son côté, le financement d’infrastructures n’arrivent qu’en sixième position du classement des private assets préférés des investisseurs privés. « La dette privée et la dette infra se démocratiseront lorsque les sociétés de gestion créeront des produits plus accessibles, mais pour cela, elles ont besoin d’un contexte favorable, explique Yves Desjardins, directeur général de Schroders France. Jusqu’à il y a peu, la dette infra senior était pricée autour de 2%, la junior autour de 4%. Une fois retirés les frais des intermédiaires et assureurs, il ne reste plus grand-chose pour l’investisseur final ». Il ajoute toutefois que la hausse des taux change le contexte, le rendant «plus favorable au développement de cette offre».

Autre barrière et non des moindres : la réglementation. Dans un souci de protection de l’épargnant, elle se veut très contraignante pour les produits destinés au grand public. «Elle oblige à créer des fonds pour les investisseurs professionnels et assimilés, ce qui exclut une bonne partie de la clientèle patrimoniale», regrette le patron de Schroders France.

Les millenials, moins à cheval sur leurs valeurs que leurs aînés ?

Investir en fonction de ses valeurs : sur le sujet, beaucoup d’études, parfois contradictoires, ont tenté de chiffrer ces dynamiques. La tendance générale qui s’en dégage est que les jeunes investisseurs seraient plus soucieux d’investir responsable que leurs aînés. Une idée battue en brèche par l’étude de Schroders.

Elle nous apprend que 59% des 51-70 ans et 57% des 38-50 ans estiment important d’investir dans des fonds qui correspondent à leurs valeurs. Pour les 18-37 ans, la proportion tombe à 44% seulement. «Ce résultat est en déconnexion avec ce que l’on observe au quotidien avec nos clients, commente Yves Desjardins. La clientèle historique des family offices sont des entrepreneurs qui ont créé leurs entreprises à une autre époque, dans un autre paradigme, sans prendre autant en compte l’impact de leur activité dans le monde que la nouvelle génération, qui l’intègre très souvent dans ses décisions d’investissements».

Toutefois, il reconnait que «certaines familles plus exposées, dont le nom parle, font déjà davantage attention à leur image, y compris dans leurs investissements».

Source : Schroders

(1) : Enquête en ligne menée auprès de 23.950 investisseurs (dont 21.131 actifs et 2.819 retraités) répartis dans 33 localisations à travers le monde entre le 18 février et le 7 avril 2022. Dans le cadre de cette étude, un « investisseur » correspond à toute personne envisageant d’investir au moins 10.000 euros (ou une somme équivalente) au cours des 12 prochains mois et ayant modifié ses placements au cours des dix dernières années. Ces personnes sont considérées comme représentatives de la population des 10 dernières années.