
Avec sa levée de fonds record, Anthropic illustre l’attraction de l’IA auprès des investisseurs

Les start-up spécialisées dans l’intelligence artificielle générative (qui génère des contenus à partir d’une question) n’en finissent plus de susciter l’émoi des investisseurs. Les sociétés de capital-risque et les géants technologiques, notamment Microsoft, Google et Salesforce, multiplient les investissements en capital.
L’intérêt pour l’IA générative s’est accru après qu’OpenAI, a lancé en fin d’année dernière ChatGPT, suscitant un effet d’entraînement chez les géants technologiques, entre Alphabet et son chatbot Bard, dopé à l’IA générative, mais aussi Meta et Amazon.
A elles seules, au premier trimestre, les entreprises d’IA générative ont levé plus de 1,7 milliard de dollars (1,58 milliard d’euros) sur 46 transactions, selon les données de PitchBook. De fait, ces start-up mobilisent beaucoup de cash : la plupart travaillent sur de grands modèles de langage (LLM), susceptibles de répondre à toutes sortes de questions, qui consomment une énorme quantité de puissance de calcul. Pour les différentes solutions concurrentes, la course à la taille critique passe aussi par la mise à disposition massive de serveurs pour répondre aux requêtes de millions d’utilisateurs.
700 millions de dollars levés mardi par deux start-up
Les investisseurs ont versé mardi 700 millions de dollars dans deux start-up d’IA – Builder.ai et Anthropic – marquant à nouveau l’engouement pour l’IA qui domine les marchés privés depuis la fin de l’année dernière.
Anthropic, soutenue par Alphabet, concurrente directe de ChatGPT, avec son agent conversationnel Claude, a annoncé mardi avoir levé 450 millions de dollars (418 millions d’euros) – soit plus que les 300 millions annoncés en mars par la presse.
Son dernier tour de table a été mené par Spark Capital avec la participation de Google, Salesforce Ventures, Sound Ventures, entre autres, a déclaré Anthropic dans un communiqué. La semaine dernière, Zoom Video Communications avait déjà dévoilé son investissement dans Anthropic, et qu’elle intégrerait sa technologie dans sa plateforme de visioconférences.
La firme de San Francisco, qui a été fondée par d’anciens cadres d’OpenAI, atteint ainsi une évaluation de 4 milliards de dollars, avec un total d’un milliard de dollars levés à ce jour, selon les données de PitchBook.
Builder.ai, start-up d’IA basée quant à elle à Londres, a indiqué ce 23 mai une série D de 250 millions de dollars, menée par la Qatar Investment Authority, fonds souverain de l'État du Golfe, avec Iconiq Capital, Jungle Ventures et Insight parmi les partenaires. La société, qui a refusé de fournir son évaluation, a levé au total plus de 450 millions de dollars depuis sa création en 2016. Elle a déclaré que sa valorisation avait augmenté jusqu'à 1,8 fois, vraisemblablement depuis sa dernière levée de fonds en 2022.
La start-up, qui utilise l’IA dans sa plate-forme de développement de logiciels, veut fournir des outils permettant à ses utilisateurs de créer des logiciels sans connaissances approfondies en matière de codage ou de technologies. Plus tôt ce mois-ci, Microsoft – qui a ses propres aspirations en matière d’IA – et Builder.ai ont annoncé un partenariat qui comprenait une prise de participation dans la startup.
Et ce mercredi, le fonds britannique Moonfire Ventures a annoncé avoir levé 115 millions de dollars pour créer un fonds dédié notamment au financement de start-up en IA.
Sundar Pichai à Bruxelles, Sam Altmann bientôt à Paris
Pour autant, le contexte devient sensible pour les fondateurs de ces start-up, qui s’efforcent de rassurer les pouvoirs publics et régulateurs des différents pays – le développement exponentiel de ces technologies d’IA et leur utilisation possible pour diffuser des informations erronées alimentent les inquiétudes.
Mercredi, le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a reçu à Bruxelles le CEO d’Alphabet, Sundar Pichai, notamment pour parler intelligence artificielle. Alors que la Commission planche actuellement sur son projet de législation sur l’intelligence artificielle, l’IA Act, qui doit être adopté d’ici à fin 2023. Alphabet et l’exécutif bruxellois ont l’intention de développer un pacte d’intelligence artificielle (IA) impliquant des entreprises européennes et non européennes, a annoncé à cette occasion Thierry Breton.
De son côté, Sam Altmann, cofondateur et PDG d’OpenAI, considéré comme hautement influent dans le champ de l’IA, est actuellement présent à Paris. Il était reçu ce mercredi à l’Elysée, et a abordé avec Emmanuel Macron la question de réglementation de ces technologies au niveau européen et mondial, ainsi que le poids de la France dans l'écosystème, a rapporté le président de la République sur les réseaux sociaux. Il interviendra vendredi matin à l’incubateur parisien de start-up Station F.